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Protection des terres agricoles: 700 personnalités en appellent à Tebboune

par Houari Barti

Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, 700 personnalités nationales tirent la sonnette d'alarme sur l'urgence de protéger le patrimoine des terres agricoles du pays contre toute forme de « détournement de sa vocation originelle ». Les signataires de la lettre ouverte interpellent également le premier magistrat du pays sur la nécessité de promulguer en urgence la « loi promise » par l'article 19 de la Constitution de 2016, qui doit déterminer les modalités de mise en œuvre de cette protection. « À l'heure où toutes les Nations du monde ont compris que le salut de l'Humanité toute entière est dans la mobilisation générale pour sauvegarder notre biosphère et son système, en Algérie, les ressources naturelles (sol, eau, ressources naturelles, environnement et espaces de vie et de travail) restent livrées, depuis de longues années, à un ensemble de prédateurs et de spéculateurs de tous genres, reléguant au second plan ce que nous pourrions (et devrons) laisser à nos enfants comme ressources », lit-on en guise de préambule dans la lettre ouverte, avant de constater, que ces éléments indispensables à la vie « ne sont, malheureusement, pas protégés par la loi».

 La lettre note que dans son article 19, la Constitution algérienne de 2016, stipule que « l'État garantit l'utilisation rationnelle des ressources naturelles ainsi que leur préservation au profit des générations futures. L'État protège les terres agricoles. L'État protège également le domaine public hydraulique. La loi détermine les modalités de mise en œuvre de cette disposition». Mais dans les faits, est-il souligné, « le retard incompréhensible de la promulgation de la loi « promise » semble encourager les prédateurs et les spéculateurs, dont le seul souci est le profit immédiat, à faire main-basse sur les terres agricoles à haut potentiel » pour les détourner, est-il déploré, « de leur vocation originelle vers la construction de biens et la promotion immobilière (à haut profit) ». Et de se poser la question : « s'agit-il réellement d'un oubli ou tout bonnement d'une sournoise manœuvre de ceux qui n'ont pas digéré le fait que l'Algérie soit indépendante? » Les rédacteurs de la lettre ouverte recommandent, par ailleurs une série de mesures à même de garantir « la protection de notre patrimoine commun, particulièrement, la terre et l'eau, et l'éloignement des prédateurs,» sans pour autant « préjuger du contenu de cette action législative attendue, » est-il souligné. On recommande ainsi, « la qualification de criminel de tout acte de destruction et de détournement de vocation et de destination du foncier et de la ressource en eau, la poursuite et la condamnation à de lourdes peines de prison et d'amendes de tout auteur de ces crimes coupables d'avoir ôté la vie à la terre, cette mère nourricière et éternelle, et enfin, la révision et le durcissement des procédures de déclassement de terres et de l'eau au profit des réalisations d'intérêt général (procédure à étendre nécessairement au privé), actuellement en vigueur doivent être réalisées de manière à les rendre plus efficaces et faire que les destructions en question inenvisageables et ce, quel que soit le statut juridique de ces biens communs. » Les signataires appellent, enfin le Chef de l'Etat, à faire preuve de la même diligence utilisée pour la protection du corps médical « matérialisée par l'adoption d'une ordonnance », en veillant à ce qu'il soit légiféré le plus tôt possible pour assurer « la protection de notre patrimoine commun dont il est question, notre mère nourricière ».