De
nos jours, des organismes réalisent de gros bénéfices avec les pronostics en
ligne des matches de football. Comme tous les jeux de hasard, à l'instar des
courses de chevaux, c'est un exercice à l'issue aléatoire. Pour notre part,
nous avons remarqué que même les experts et observateurs les plus chevronnés, se
trompent lorsqu'il s'agit d'évaluer les chances des équipes de football,
notamment en Ligue des champions d'Europe. L'exemple le plus significatif vient
d'une célèbre revue spécialisée de renommée mondiale qui, à la mi-août, a
délivré son « verdict ». Liverpool et Man City ont obtenu cinq étoiles,
Barcelone et Juventus quatre. Le Real Madrid et Paris SG n'ont eu droit qu'à
trois étoiles. Deux étoiles ont été accordées à l'Atlético
Madrid, Tottenham et Bayern, tandis qu'une étoile a été attribuée au RB Leipzig,
Naples, Inter Milan et Ajax. Or, de grosses écuries comme Liverpool (tenant),
Real, Inter Milan, Tottenham, Ajax, et Naples n'ont pas dépassé le stade des
huitièmes de finale. Paris SG (3 étoiles) et surtout le Bayern (2 étoiles)
n'ont guère recueilli les faveurs de ces spécialistes mais viennent de disputer
la finale édition 2019-2020. Il se trouve donc que Man City, Real Madrid,
Juventus, Inter Milan et Barcelone ont déçu leurs fans, se faisant sortir par
des adversaires pourtant à leur portée. Plus fort encore, un sondage effectué
mi-septembre par une autre revue a débouché sur les pourcentages suivants : 31%
pour le FC Barcelone, 18% pour Paris SG, 8% pour Man City, 7% pour le Real
Madrid, 2% pour le Bayern ! Tandis que Lyon, l'Atlético
Madrid, Dortmund et d'autres clubs n'ont eu droit qu'à un petit 1%. Les
sondeurs sollicités n'ont pas vu arriver l'Atalanta,
Leipzig, Tottenham, l'Inter Milan et Chelsea. Or, les Italiens de Bergame et
les Allemands de Leipzig étaient présents en quarts de finale, avec la manière
et un jeu rafraîchissant qui a ravi les nostalgiques du football offensif ! Que
faut-il conclure après ces pronostics qui ne se sont pas réalisés sur le
terrain et ce, malgré le « statut » de ces spécialistes ? La première
conclusion, et en dépit des données précises à leur disposition, ces derniers
ont fait fi de la glorieuse incertitude du sport. Le football n'est pas encore
une science exacte en dépit des premières applications de la science
artificielle, un sujet que nous avons évoqué il y quelques semaines dans ces
mêmes colonnes. On soulignera que le Liverpool, champion d'Angleterre, tire
déjà profit des travaux d'une équipe de scientifiques mis à sa disposition qui
a réussi à convaincre l'entraîneur Jürgen Klopp de l'utilité de sa mission. En
attendant les progrès de ces travaux et de l'application de l'intelligence
artificielle, il n'en demeure pas moins que le football actuel reste toujours
soumis à de nombreux paramètres aussi bien techniques, physiques, tactiques que
psychologiques. Il nous est agréable de citer le fameux manager de Liverpool
(1959 à 1974) : « On doit rêver qu'on est le meilleur, et ensuite aller se
confronter à la réalité ». Les pronostiqueurs et sondeurs, aussi spécialisés
soient-ils, n'ont certainement pas tenu compte de la sagesse du manager
anglais.