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Plan de licenciement de 666 employés: Les travailleurs de Renault Algérie en appellent à Tebboune

par S. M.

La section syndicale UGTA de l'usine Renault d'Oued Tlélat (Oran) vient d'adresser une lettre au président de la République pour « solliciter son intervention urgente afin de sauver les emplois de 666 travailleurs qui seront licenciés dès ce 1er septembre ».

Après avoir épuisé tous les recours auprès de la direction de Renault Algérie Production (RAP), les délégués syndicaux des 1.200 travailleurs de cette usine s'en remettent finalement au président de la République. Ils espèrent que le gouvernement autorise, exceptionnellement, la réimportation des lots SKD/CKD pour relancer le montage des véhicules dans cette usine.

La décision irrévocable du conseil d'administration de RAP a été, en fait, prise après plusieurs mois de chômage technique suite à l'annulation du régime préférentiel pour l'importation des lots SKD/CKD destinés au montage de véhicules et l'autorisation de l'importation des voitures touristiques neufs. Les 666 employés ont le choix entre « un départ volontaire, avec un mois et demi de salaire pour une année de travail en CDI » ou « un licenciement économique avec trois mois de salaire ». RAP propose aussi aux 666 salariés de prendre en charge la moitié des indemnités de chômage payées par la CNAC pour les CDI de plus de 3 ans. Ce plan social avait été révélé fin juillet dernier aux travailleurs de cette usine.

« Suite à la communication faite le 23 juillet 2020 pour débuter les formalités concernant le passage à une équipe, à partir du 1er septembre, et suite à la non-visibilité de la situation, l'entreprise donne à ses employés en CDI la possibilité de choisir entre une procédure de départ volontaire où une procédure de licenciement économique, selon la réglementation », précise RAP dans son communiqué. L'usine de Renault Algérie Production avait fermé officiellement ses portes en février dernier. La société a expliqué que cette décision a été nécessaire après la suspension des importations des kits SKD/CKD destinés au montage automobile. Renault Algérie a également contacté les clients ayant passé commande à partir du mois de décembre 2019 pour leur proposer de se faire rembourser dans un délai ne dépassant pas les 72 heures sans aucune incidence sur la totalité du prix versé.

Il est à rappeler que dans un entretien accordé au journal français Le Figaro, le président Tebboune avait critiqué ce qui est appelé la coopération économique dont l'usine Renault Algérie était censée être le symbole. « Nous allons par exemple arrêter l'importation de kits automobiles. L'usine Renault qui est ici n'a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc. Comment créer des emplois alors qu'il n'y a aucune intégration, aucune sous-traitance ? », avait déclaré Tebboune en reprochant à la France de favoriser le Maroc pour les bonnes affaires. Le régime préférentiel pour l'importation des lots SKD/CKD pour le montage de véhicules avait été annulé le 10 mai 2020 lors d'un Conseil des ministres, présidé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

Le projet de loi de finances complémentaire (PLFC) 2020 a adopté un nouveau régime préférentiel visant à relancer les industries mécanique, électronique et électrique, à travers des exonérations fiscales et l'exemption des droits de douane, mais en écartant les collections destinées à l'industrie de l'assemblage et montage automobile (CKD). La suspension de l'importation de kits CKD/SKD a conduit à l'arrêt de toutes les usines de montage de véhicules. Le ministre de l'Industrie avait évoqué en juin dernier l'avenir des usines de montage en indiquant que l'Etat accorde un intérêt majeur à ce dossier, notamment l'avenir des travailleurs. « Ces projets ne sont que de simples structures ne disposant nullement des moindres conditions de fabrication », avait précisé le ministre devant les membres de la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN).