|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Les indications sur une gouvernance désastreuse de
plusieurs décennies passées pleuvent à un rythme cadencé. Elles ne sont pas des
secrets parce qu'elles étaient connues et elles n'ont de notoire que le fait
d'être livrées à l'opinion publique par la bouche de dirigeants officiels et
par les échos pluriels des tribunaux. Ce ne sont donc pas des révélations
inattendues. Leurs teneurs et leurs consistantes dimensions étaient répétées en sourdine par tous les Algériens. Les noms des
malfrats incriminés et ceux qui ont été entrainés par les vagues des égouts non
curés n'importent sans doute pas autant que les règles générales imposées par
l'ancienne véritable royauté pour compromettre l'avenir du pays. Il est
loisible et aisé de tenir le fil conducteur de la phénoménale gabegie quand on
se souvient que le président déchu s'était enorgueilli au cœur d'un meeting
populaire qu'il pouvait être roi s'il le voulait. A la vérité, il n'en n'avait
cure car quand on est auréolé par la couronne de la schizophrénie on s'arroge
le droit de se comparer à Napoléon et prendre le pouvoir de chasser un ministre
en pleine réunion parce qu'il a pris sur lui la lèse majesté
de formuler un avis.
Le reste des cohortes badgées, inquiété en ce moment par la justice, a suivi pour préserver des fauteuils et des carrières au prix d'une allégeance où la conscience n'avait pas de droit de cité. D'autres viendront les accompagner à l'ombre des bagnes inédits pour témoigner de la nécessité d'un jugement plus large où doit être surtout mise en cause la fatidique ineptie générale avec laquelle l'indépendance et la souveraineté du pays avaient été gérées. L'énorme pelote affreusement entremaillée où l'économique et le politique sont enchevêtrés n'est pas facile à débobiner. Rendre gorge ne suffirait certainement pas pour remettre les générations présentes et celles à venir sur les rails du bonheur car il ne serait pas incongru de reconnaitre que les responsabilités sont partagées à différents degrés. Un peuple qui jette du pain plus qu'il n'en mange a le devoir de se juger lui aussi pour nouer avec l'impérative rationalité et pour en finir définitivement avec les lourdes manigances des roitelets. |
|