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Des départs plus grands !

par Amine Bouali

Aussi loin que je me souvienne, Reda n'a jamais cessé de partir. On pouvait le croiser le matin dans notre quartier mais dès qu'on avait le dos tourné, il était à Singapour, Valparaiso ou Harlem. Cet homme des horizons reculés avait attrapé très jeune le virus des voyages et passait une partie de son temps à sillonner la planète.

Parfois, on recevait une carte postale envoyée du bout du monde dans laquelle il nous disait que tout était OK, qu'il était bien arrivé et qu'il allait repartir le lendemain...

Au sein de notre groupe d'amis, on se demandait ce qui le poussait à bourlinguer ainsi et à traverser cent et une frontières, quelles vérités essentielles peut-être il avait frôlées sur les routes et si le regard qu'il jetait dorénavant sur le monde était plus indulgent qu'avant ses perpétuels départs. Dans la tradition des écrivains voyageurs, il rapportait de ses lointaines expéditions des reportages colorés qu'il faisait paraître dans les journaux ou sous forme de livres.

Son plus beau voyage aura été finalement l'écriture. Il restait maintenant cloîtré des heures, penché sur une feuille blanche à essayer de trouver le mot juste. L'attrait de nouveaux espaces faisait toujours gambader son esprit mais s'il partait moins souvent sur les chemins du monde, désormais, «il inventait des départs plus grands !» (dixit le poète El-Mutanabbi).