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Victimes de plus en plus d'agressions: Les gardes forestiers réclament des armes

par Z. Mehdaoui

La fermeture des plages aux estivants pour lutter contre la Covid-19 a accentué la pression sur les espaces forestiers, ce qui risque d'engendrer une recrudescence des feux de forêt cet été, a mis en garde le premier responsable de la direction générale des Forêts (DGF), Ali Mahmoudi. «Face à l'interdiction d'accès aux plages, les citoyens se rabattent sur les espaces forestiers et risquent de provoquer implicitement des incendies», a affirmé M. Mahmoudi dans un entretien à l'APS.

Abordant les derniers chiffres des feux de forêts, il a précisé que le bilan s'est subitement alourdi durant la 1re semaine de juillet en cours avec 49 foyers d'incendie qui ont ravagé une superficie globale de 1.161 ha.

Selon M. Mahmoudi, avant le début de la campagne 2020 de lutte contre les feux de forêts, la DGF escomptait un résultat semblable ou même meilleur que celui de la campagne 2018 où les surfaces parcourues par le feu n'avaient pas excédé 2.300 ha, durant toute la campagne, contre 21.048 ha, pendant la campagne de l'année précédente.

«Cette année nous avons tablé sur un bilan meilleur car nous avions fait, au préalable, un travail de proximité avec les comités de riverains, les associations de protection de l'environnement et les associations de chasseurs sur la lutte contre les incendies de forêts. Malheureusement, il y a en ce moment une pression terrible sur les parcs nationaux et les campings sauvages risquent d'alourdir le bilan des incendies durant la saison estivale, s'est-il inquiété. Interrogé sur les mesures de protection des agents forestiers contre les agressions auxquelles ils font face lors de l'exercice de leur fonction, M. Mahmoudi a déclaré que la DGF revendique, carrément, leur réarmement afin de leur permettre d'assurer leur propre sécurité. «D'ailleurs, les agents forestiers ont toujours été armés jusqu'à l'avènement du terrorisme en 1990, où les autorités les avaient obligés de restituer leurs armes, a-t-il rappelé. Quant aux atteintes au patrimoine forestier, (coupe illicite de bois, mutilation d'arbres, extraction de plantes protégées, pillage de liège, braconnage.. etc.), M. Mahmoudi affirmé qu'en l'absence d'une loi stricte, le forestier fait appel à d'autres textes plus dissuasifs notamment le code pénal, le code civil ou encore la loi domaniale pour préserver les espaces forestier. Jugée «obsolète, la loi 84-12, portant régime général des forêts est en cours de révision ce qui devrait renforcer la protection du patrimoine forestier mais également favoriser les investissements, dans le secteur forestier et le développement durable, selon M. Mahmoudi. Le premier responsable de la DGF a expliqué que le contenu de l'article 35 de la loi en vigueur relatif aux conditions et modalités d'exploitation des forêts concerne exclusivement les habitants des forêts. « Pour remédier à ce frein juridique, nous avons introduit, dans la nouvelle loi, en cours de préparation, de nouveaux textes favorisant les investissements productifs dans ce secteur, a-t-il fait savoir. Parmi les créneaux porteurs susceptibles de percer avec l'application de la nouvelle loi, M. Mahmoudi cite, notamment, la filière des plantes à parfum aromatique et médicinales. Il a également évoqué l'ouverture du secteur forestier aux opérateurs privés, en assurant que la nouvelle loi devrait, en effet, encourager les gros investisseurs à créer leurs propres espaces forestiers, principalement, dans les zones du Sud à travers la plantation d'arbres à croissance rapide.

«Au-delà de leurs intérêts économiques, la réalisation de tels projets, dans les zones désertiques, revêt une grande importance écologique, a-t-il fait valoir, en évoquant la lutte contre l'érosion des sols et le changement climatique.

Quant à la possibilité d'exploiter les forêts pour développer une industrie du bois, en Algérie, M. Mahmoudi, a rappelé que la couverture forestière algérienne est des plus faibles avec seulement, 4,1millions d'hectares sur les 238 millions d'hectares. «Actuellement la forêt algérienne est classée comme étant une forêt de protection et non pas une forêt de production, a-t-il insisté, en précisant que la quantité moyenne du bois amassée avoisine 125.000 m³ par an.