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Un moment historique

par Ghania Oukazi

Fort moment historique, hier, lors de la levée des corps des 24 résistants algériens, au palais de la Culture pour rejoindre leur dernière demeure au cimetière d'El Alia où ils ont été enterrés dans le Carré des Martyrs.

Rapatriés, vendredi dernier, de France, ils ont enfin retrouvé la douceur de leur terre natale où ils ont été enterrés, hier, après qu'un vibrant hommage leur ait été rendu par le président de la République, des responsables civils et militaires et des personnalités nationales. De l'aéroport international où l'Hercule C130 les a déposés, vendredi dernier, les cercueils contenant les crânes des 24 résistants algériens ont été emmenés au palais de la Culture, dans le plateau des Anassers, pour permettre aux citoyens de se recueillir à leur mémoire, toute la journée du samedi. Hier, dimanche, jour de la célébration du 58ème anniversaire de l'Indépendance nationale a été choisi pour que ces résistants soient enterrés au Carré des Martyrs du cimetière d'El Alia. C'est tôt que des responsables du MDN et les membres de la Garde républicaine ont pris place dans l'enceinte du palais de la Culture où trônaient sur des tréteaux, les cercueils des choudaha drapés de l'emblème national. La diffusion de versets coraniques donnait à ce moment historique cette sérénité religieuse qui devait marquer le retour des enfants de cette patrie après leur séquestration par la France coloniale depuis 1849. C'est à 9h10 que le président de la République a fait son entrée dans le palais de la Culture pour déposer une gerbe de fleurs à la mémoire de ces braves combattants du temps de la résistance populaire, contre le colonialisme français. Il fera lecture de la Fatiha avec à ses côtés le général d'armée, Benali Benali, commandant de la Garde républicaine et du chef d'état-major, le général de corps d'armée Saïd Chengriha.

Tebboune est arrivé au palais de la Culture après un détour au sanctuaire des Martyrs de Riadh El Feth où il a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des Chouhada de la guerre de Libération nationale. Dès qu'il a quitté le palais de la Culture, les responsables du MDN ont demandé aux élèves-officiers de l'Académie militaire de Cherchell de prendre position pour porter sur leurs épaules les cercueils des résistants à la cadence des roulements de tambours de la Garde républicaine. Une fois sortis de l'enceinte du palais de la Culture, les cercueils étaient placés par 4 à bord de camions militaires couverts complètement de fleurs et portant comme fronton le verset coranique qui affirme que les chouhada ne meurent pas. Il était près de 10h quand les six camions ont démarré pour rejoindre le cimetière d'El Alia. Ils étaient escortés par de nombreux 4x4 de la BRI, des jeeps qui devaient être réservés à la presse mais parties vides, des ambulances et quelques voitures de hauts responsables. C'est à 11h que les résistants ont rejoint leur dernière demeure pour, enfin, reposer dans la terre pour laquelle ils ont donné leur vie.

171 ans après qu'ils aient été tués et décapités par la France coloniale, les résistants de la bataille de Zaatcha ont été enfin « relâchés » par les autorités françaises grâce à de longues et âpres négociations entre scientifiques, historiens, politiques et militaires des deux pays. Placés sous des matricules dans des vitrines du musée parisien des sciences naturelles, les 24 rebelles de la résistance populaire dont des chefs de grandes batailles sont revenus, vendredi, à bord d'un Hercule C130 des forces armées algériennes. La cérémonie d'accueil qui leur a été réservée à l'Aéroport international d'Alger et dans l'enceinte du salon d'honneur a été marquée, notamment, par un rappel des faits abjects commis par le colonisateur français. « Les héros de la résistance populaire sont revenus dans la terre pour laquelle ils ont scarifié leurs vies et leurs âmes (?), que le colonialisme français abject a volé et a exposé, dans ses musées pendant plus d'un siècle et demi, pour se vanter et s'enorgueillir sans honte, sans morale et sans aucune considération à la dignité humaine, c'est la face hideuse du colonisateur, de ses crimes et de sa sauvagerie », a affirmé le général de corps d'armée, le chef d'état-major, Saïd Chengriha.