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Face à un
pouvoir politique affaibli par les luttes intestines et gangrené par la
corruption, la bureaucratie s'est trouvée une voie
royale pour prendre le contrôle de tous les rouages de la vie socioéconomique,
et même politique, puisque ce sont les bureaucrates qui ont eu, jusque-là, le
dernier mot pour installer les députés, sénateurs et autres élus locaux. Et la
nouvelle équipe gouvernementale en vient forcément à engager un tour de force
avec ce danger qui menace d'annihiler tous les efforts consentis par les
dirigeants politiques pour sortir le pays de sa léthargie économique et
instaurer un climat de confiance avec le citoyen. La bureaucratie, certains parleraient
de «bureaupathologie» quand on évoque le mal que fait
véhiculer le comportement néfaste de bureaucrates qui font la pluie et le beau
temps, n'est pas facile à guérir ou à combattre. Le gouvernement qui se trouve
fatalement confronté au cachet bureaucratique, qui a ruiné le pays, vient-il de
lancer la mère des batailles en s'attaquant aux vieilles mentalités qui ont la
peau dure, et qui ne font pas trop cas des projets de l'Algérie nouvelle ?
Peut-être par manque de temps pour réduire l'influence de la bureaupathlogie, on a commencé par lancer des
avertissements, comme l'a fait le Premier ministre, qui a saisi l'opportunité,
lors de sa visite dans la wilaya de Tindouf, pour lancer que «l'Algérie
nouvelle doit se construire avec une mentalité nouvelle», et que «la
bureaucratie est un ennemi de cette Algérie nouvelle qui doit être bâtie dans
la transparence». Avant lui, c'est le président de la République qui est monté
au créneau pour dénoncer, lors du dernier
Conseil des ministres, des pratiques bureaucratiques qui privent des citoyens producteurs, notamment dans le monde de l'agriculture, du raccordement au réseau électrique pour ensuite leur mettre la pression pour le remboursement des crédits dans les délais. Ainsi, au tout début de l'exercice de son pouvoir, ambitionnant d'aller vers la diversification de l'économie, vers la consolidation de l'Etat de droit, des libertés individuelles et collectives, le gouvernement constate que le plus grand obstacle réside dans la bureaucratie. On ne fait rien de bon, même avec la meilleure Constitution au monde, si des gens trouvent le loisir de limiter la marge d'autonomie des individus et des entreprises. Le pouvoir réel se trouverait-il entre les mains des bureaucrates ? Oui, si on n'y fait pas attention en réduisant leur capacité de nuisance et leur puissance de domination qui tend à faire d'eux un pouvoir autonome. Il ne faut pas ignorer que de grandes sociétés se sont érigées en Etat dans l'Etat, échappant totalement au contrôle et à l'autorité des commis locaux. De toute évidence, il faut revoir de fond en comble le mode de gestion administratif des collectivités locales et de certaines grandes sociétés. Tout passerait-il par une réforme de l'administration ? Absolument, et au premier degré. En second lieu, il serait utile de revoir les modalités de recrutement dans les postes de responsabilité dans l'administration, qui obéissent depuis l'indépendance du pays au critère de l'accointance, en sus d'avoir en place, principalement, des hommes politiques de qualité. Le médiateur de la République et ses délégués au niveau local pourraient également, si on leur donnait les moyens de leur politique, jouer un rôle très important dans la lutte contre la bureaucratie. |
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