Du fin fond du pays, le Premier ministre vient de confirmer que le cartable d'écolier devra être remplacé par la tablette électronique. La confirmation apparaît comme une lapalissade, car une telle décision ne pouvait qu'aller de soi car l'obligation s'impose d'elle-même, contrainte par le happement incontournable des technologies sur tous les comportements de la vie d'aujourd'hui. Il est en effet inconcevable de se passer d'un petit outil de quelques grammes quand il a entre autres hardiesses la faculté de contenir une immense bibliothèque riche de centaines de milliers de livres instructifs. Avec la complicité de l'Internet, son pouvoir au contenu des plus enrichissants comme des plus malfaisants ne se limite pas à un rôle en surface de parade pour être dans l'air du temps et à lui seul il peut s'ériger en école efficace capable de remplacer une foule d'enseignants.

Mais ces données à l'apparence élémentaire ne sont que de la théorie et bien qu'elle ait fini par envahir les espaces pour devenir un immense phénomène de société, la tablette électronique doit obéir à une nouvelle culture où les considérations sociales, économiques et politiques sont liées. Pour que son utilité soit productive et affirmée, il est nécessaire de définir d'abord ce que l'on entend par institution écolière et ce par quoi elle doit être guidée pour former les générations performantes du futur. Si elle doit servir à multiplier les livraisons des diplômés chômeurs, elle fera figure de gadget se contentant de polluer les cerveaux et les esprits des apprenants. Si ses bienfaits sont incontestables, le vrai sujet n'est pas dans l'ornement qu'elle procure pour faire bonne figure, mais dans l'efficacité qu'elle produit, et dans la pénible conjoncture économique du moment, il est évident qu'elle ne sera pas à la portée de tous les enfants.

On aura tout à gagner à la concevoir comme une réelle porteuse de trésors de connaissances et de savoirs utiles pour accompagner les générations montantes pour se frayer un chemin dans la vie.