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Covid-19: Une reprise «effrayante» et un personnel médical au bord de l'asphyxie

par M. Aziza

  Les professionnels de la santé tirent la sonnette d'alarme sur la situation sanitaire qui ne cesse de s'aggraver ces derniers jours, vu l'augmentation des cas de contamination au Covid-19, avec, cette fois, des malades arrivant aux structures hospitalières dans un état grave. C'est ce qui a été confirmé par le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital de Boufarik, qui a lancé un cri d'alerte aux citoyens et aux autorités compétentes. Le Dr Yousfi a précisé que l'hôpital de Boufarik reçoit, à lui seul, sans parler de l'hôpital de Blida, pas moins de 16 à 17 personnes par jour, alors qu'au cours du mois dernier, le nombre de cas ne dépassait pas 2 par jour.

Il assure que les services de l'hôpital sont actuellement saturés, «les 130 lits de nos services sont quotidiennement occupés». Et de préciser que «nous avons une moyenne de 60 cas suspects qui attendent les résultats des tests PCR et occupent des lits, «des lits qui, une fois libérés, sont à nouveau occupés», regrette-t-il. Et de souligner que 60 à 70 cas confirmés sont sous traitements dans nos services. Selon notre interlocuteur, «il nous arrive depuis quelque temps de renvoyer certains cas, plutôt les réorienter vers d'autres structures, car nous n'avons plus de place». Sachant, dit-il, que l'Institut Pasteur d'Algérie s'est vu dépassé en matière de tests PCR, ces derniers jours, après l'augmentation du nombre de cas et que certains centres, qui ont connu des pannes de réacteurs, envoient leurs tests à Alger, en citant le cas de Sétif et d'Oran. Et d'indiquer : «On reçoit les résultats des tests avec un retard de quelques jours, sachant que la wilaya de Blida est dépourvue de centre». Il précise encore que les services de son hôpital reçoivent de plus en plus de malades dans un état grave, suscitant une réanimation urgente. Et de déplorer le fait que sa structure a enregistré trois décès de personnes atteintes du Covid-19 successivement. Le Dr Yousfi a affirmé, par ailleurs, que le personnel médical, notamment dans ses services, est «au bord de l'asphyxie». Il précise que les praticiens spécialistes et le personnel paramédical dans ses services travaillent sans répit depuis mars dernier. «Contrairement aux CHU qui sont soutenus par les médecins généralistes et les résidents, les services de Boufarik ne jouissent pas de cet avantage». Il s'indigne que «les personnels des services de l'hôpital de Boufarik, qui prennent tous les cas de Covid-19 et qui traitent en même temps d'autres infections, ont travaillé d'arrache-pied depuis l'apparition des premiers cas du coronavirus, en mars dernier, et n'ont plus la force d'affronter cette recrudescence des cas de Covid-19. Certains font parfois des accidents sur la route avant d'arriver à leur lieu de travail, en raison de la fatigue et de la pression. D'autres tombent malades, certains n'ont plus le moral, notamment avec cette reprise qui n'augure rien de bon». Le président du SNPSSP regrette que «personne ne s'en soucie, ni certains citoyens par leur non-respect des mesures recommandées, ni les autorités qui font leurs analyses depuis leurs bureaux. Depuis la dernière visite du ministre de la Santé à l'hôpital de Boufarik, personne ne s'est déplacé, ni les cadres du ministère ni ceux de la DSP, nous sommes livrés à nous-mêmes, dans l'indifférence totale». Le Docteur Yousfi invite ceux qui doutent toujours de l'existence du coronavirus de se rendre aux hôpitaux pour constater de visu l'ampleur et les conséquences du non-respect des mesures sanitaires recommandées.

Il dit : «Oui pour le déconfinement, tous les pays ont opté pour cette solution mais avec le strict respect des mesures sanitaires recommandées», avant de préciser que «c'est aux autorités d'imposer les règles pour le respect rigoureux des mesures». Le SNPSP avait déjà alerté, pour sa part, les autorités du pays et l'opinion publique sur le degré de cette crise sanitaire, dans un communiqué rendu public mercredi dernier. Il a précisé que «la situation sanitaire dans notre pays est toujours inquiétante et nécessite une meilleure coordination dans sa gestion et des mesures concertées plus rigoureuses dans leur application». Les rapports du SNPSP ont fait état d'un nombre important de praticiens médicaux atteints par le Covid-19 dans plusieurs wilayas du pays. Le syndicat a également réclamé des «moyens de dépistage du Covid-19 au profit des personnels soignants et de leurs entourages» ainsi que la mise en place d'un «circuit de prise en charge spécialement dédié aux praticiens médicaux contaminés.