Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Crise libyenne: Fayez Al-Sarraj à Alger

par R. N.

Le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale (GNA) libyen, Fayez Al-Sarraj, était hier à Alger pour une visite d'une journée.

Il a été accueilli à l'aéroport international Houari Boumediene par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum et celui de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud.

A la tête d'une importante délégation, Fayez Al-Sarraj a été reçu par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Un communiqué de la présidence de la République indique que cette visite s'inscrit dans le cadre «des efforts intenses consentis par l'Algérie visant la reprise du dialogue entre les frères libyens en vue de trouver une solution politique à la crise libyenne, une solution basée sur le respect de la volonté du peuple frère et la garantie de son intégrité territoriale et de sa souveraineté nationale loin de toute intervention militaire étrangère».

Par ailleurs, selon une dépêche AFP, le Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU, a annoncé qu'il ne participerait pas à une prochaine réunion de la Ligue arabe sur le conflit qui l'oppose depuis plus d'un an aux forces du maréchal Khalifa Haftar. La Libye a «rejeté l'invitation de l'Egypte à tenir une réunion d'urgence du conseil de la Ligue (arabe) en vidéoconférence la semaine prochaine», selon la même source

La Ligue arabe avait annoncé plus tôt la tenue prochaine d'une réunion ministérielle sur le conflit entre forces rivales en Libye. Cette rencontre virtuelle a été convoquée à la demande de l'Egypte, soutien du maréchal Haftar dont les forces ont subi plusieurs revers dans le conflit contre le GNA, basé à Tripoli et soutenu militairement par la Turquie. L'Egypte a poussé en faveur d'un cessez-le-feu après que les forces du maréchal Haftar ont été chassées ces dernières semaines du nord-ouest de la Libye, signant l'échec de leur offensive sur Tripoli lancée en avril 2019.

Le GNA et la Turquie ont fait part de leur scepticisme au sujet de l'initiative égyptienne, considérée comme une manière de faire gagner du temps au maréchal Haftar, soutenu également par les Emirats arabes unis et la Russie. «Une réunion par visioconférence n'est pas appropriée pour évoquer des dossiers épineux qui nécessitent des discussions et des échanges approfondis», a déclaré le chef de la diplomatie libyenne, Mohamad al-Taher Siala, lors d'un entretien téléphonique vendredi avec l'actuel président de la Ligue arabe, l'Omanais Youssef ben Alaoui ben Abdallah.

Préalable pour un cessez-le-feu

L'instauration d'un cessez-le-feu durable en Libye passe par le retrait de la ville stratégique de Syrte des forces de l'homme fort de l'Est, Khalifa Haftar, a affirmé samedi le porte-parole de la présidence en Turquie, principal soutien du gouvernement de Tripoli. Dans une interview à l'AFP, le porte-parole, Ibrahim Kalin, estime qu'un «cessez-le-feu doit être viable, ce qui veut dire que l'autre partie, la LNA (l'Armée nationale libyenne) de Haftar, ne doit plus se trouver dans une position lui permettant de lancer quand elle veut une nouvelle attaque contre le gouvernement légitime». «A ce stade, le GNA estime, et nous le soutenons en cela, que toutes les parties doivent retourner à leurs positions de 2015 lorsque l'accord politique libyen de Skhirat a été signé, ce qui veut dire que les forces de Haftar doivent se retirer de Syrte et d'al-Joufra», plus au sud, a-t-il ajouté. Ankara et Moscou discutent actuellement pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu en Libye, en dépit de l'annulation à la mi-juin en raison d'apparentes divergences d'une visite à Istanbul de deux ministres russes.