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Halfaya et Saâdaoui écroués: La fin de l'impunité dans le football algérien ?

par M. B.

Convoqués par le procureur de la République près le Tribunal de Sidi M'hamed d'Alger, dimanche, le directeur général de l'ES Sétif, Fahd Halfaya, et le manager de joueurs Nassim Saâdaoui, ont été écroués, en fin d'après-midi, dans le cadre d'une affaire de matches truqués qui secoue le pays depuis la mi-mai, après la divulgation d'une conversation téléphonique entre les deux hommes. Le président de l'US Biskra, Abdallah Benaïssa, qui a avoué, ouvertement, avoir été approché par une personne pour arranger le match perdu à domicile face à l'ES (0-2), lors de la 21ème journée du championnat, a été également auditionné et placé sous contrôle judicaire, souligne-t-on de même source, alors que le président de l'AS Aïn M'lila, Elhadi Bensid et le président du Conseil d'administration du même club, Malik Amrani, ont été auditionnés en tant que témoins. Le président du CA Bordj Bou Arréridj, Anis Benhamadi et le directeur général de l'USM Bel-Abbès, Kaddour Benayad, également convoqués pour comparaître, ont brillé par leur absence.

Saâdaoui qui s'est défendu devant la justice en affirmant ignorer qu'il était d'interdit d'enregistrer des conversations téléphoniques, a été inculpé « d'atteinte à la liberté d'autrui, diffamation, et enregistrement d'appel téléphonique sans consentement », alors que le patron de l'ESS est poursuivi pour « marchandage de matches », a-t-on appris des avocats des deux hommes. Selon certaines indiscrétions, un différend entre Halfaya et Saâdaoui concernant le contrat de représentation du jeune joueur Talal Boussouf (ESS), qui devait rejoindre l'OGC Nice, est à l'origine de cette affaire d'enregistrement audio. La comparution des différentes parties liées à cette affaire fait suite à la plainte contre X, déposée par le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), Sid Ali Khaldi. Une action saluée par les différents acteurs du monde du Sport et autres, car visant à mettre un terme à l'impunité qui règne dans le milieu du Football national, devenu par la force des choses « attractif » pour des considérations autres que sportives. En ce sens, une convention a été signée hier entre le MJS et l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLCC). Cette démarche dénote « la détermination de l'Etat algérien à lutter contre toute forme de corruption, à tous les niveaux. Aussi, je m'engage à mettre un terme aux anciens réflexes, dans le domaine du Sport et moraliser la vie sportive qui constitue une partie importante dans l'engagement du gouvernement à moraliser l'environnement en général », avait déclaré Sid Ali Khaldi.

La FAF et la LFP, qui ont condamné eux aussi le contenu de l'enregistrement, s'apprêtent également à prononcer des sanctions sportives envers les accusés.

Pour rappel, en mai 2019, deux hommes avaient été mis en examen en France pour des soupçons de matches arrangés impliquant cette même équipe de l'ES Sétif. Lors d'un match entre le DRB Tadjenanet et l'ES Sétif, le 12 mai 2018, un opérateur avait signalé « de nombreux paris atypiques passés sur un score exact avec des mises importantes par rapport aux mises habituelles », selon la justice française. La rencontre s'était soldée par une victoire 3-2 du DRBT contre l'ESS. Sur les cinq buts, trois avaient été inscrits sur penalty. En 2018, la BBC avait diffusé une enquête avec des témoins anonymes décrivant la corruption comme un phénomène répandu dans le football national. En tous cas, la lutte contre ce fléau est loin d'être une simple campagne de conjoncture en Algérie, dans la mesure où le nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s'est engagé, au lendemain de son élection, à poursuivre la lutte contre la corruption. Il avait également renouvelé cet engagement dans son discours d'investiture.