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Appréhensions et craintes de relâchement

par Abdelkrim Zerzouri

Hormis quatre wilayas, en l'occurrence Saïda, Tindouf, Illizi et Tamanrasset, qui ont échappé à la règle de l'isolement «partiel» des populations, le reste du territoire de l'Algérie demeurera confiné jusqu'au 13 juin. Le gouvernement a, en effet, décidé de maintenir le confine ment partiel à domicile jusqu'au 13 juin prochain dans la cadre des mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus (Covid-19) et de lever totalement ce confinement dans quatre wilayas. Et, cette fois-ci, la nouveauté relève de l'horaire du confinement, qui a été fixé à 17h jusqu'à 07h de la matinée suivante au niveau de16 wilayas, dont Blida et Alger. Soit 14 wilayas, les plus grandes wilayas sur le plan de la densité démographique, qui se retrouvent propulsés sur le même pied d'égalité que les deux plus importants foyers de l'épidémie, les deux « volcans » comme les qualifient les épidémiologistes.

La décision du Premier ministre, qui intervient après consultation du comité scientifique et de l'autorité sanitaire sur l'évolution de la situation épidémiologique liée au coronavirus (Covid-19) et après accord du président de la République, a tenu compte de la courbe d'évolution des cas infectés au Covid-19. En fait, deux (02) indicateurs ont motivé la décision en question, à savoir la mesure de la stabilisation du nombre de nouveaux cas décompté à quinze (15) jours d'intervalle (11 mai et 26 mai 2020) et le taux de reproduction ou nouveaux cas enregistrés. De nombreux observateurs, se fiant aux déclarations des responsables, qui faisaient ces derniers jours mention de la maîtrise d'une situation « stabilisée», ou encore la récente déclaration du ministre de la Santé, qui estimait que le déconfinement est « indispensable », et qui s'attendaient dans ce contexte à une levée du confinement après le 29 mai, ont été tout simplement surpris par le prolongement de 15 jours des mesures de confinement partiel, avec même à la clé l'étalement de l'amplitude de la disposition au niveau de plusieurs wilayas (17h à 07h).

Doit-on comprendre que la situation reste inquiétante ou serait-ce une mesure de précaution qui appréhende une rechute pouvant renouer avec une plus forte propagation de l'épidémie ? On pencherait plutôt pour la seconde hypothèse, puisque le gouvernement souligne dans ce cadre l'émergence d'une amélioration des indicateurs épidémiologiques au niveau des wilayas concernées par le prolongement du confinement partiel, relevant que ces indicateurs peuvent être confortés grâce à la mobilisation citoyenne. On ressent également les appréhensions des autorités lorsque ces dernières avouent que ces indicateurs demeurent fragiles et pourraient connaître une détérioration rapide en cas de relâchement de la discipline et de nos comportements à l'égard des mesures de précaution édictées. Laissant entendre qu'il n'y a pas de situation permanente en matière de confinement-déconfinement, et que tout obéit aux considérations tirées de la courbe d'évolution des cas positifs infectés au Covid-19. Car, prévient-on, les pouvoirs publics pourraient être amenés à renforcer les mesures de confinement même après le déconfinement au cas où la situation se dégrade. En tout cas, pour le moment, les autorités en charge de la crise sanitaire maintiennent le cap de la poursuite des efforts déployés dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.