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Un e-Aïd inédit !

par El-Houari Dilmi

Le plus triste des Ramadhans s'en est allé, laissant un voile de tristesse et de mélancolie sur tous les visages. C'est que les Algériens ont célébré, cette année, un e-Aïd sans effusion. Un «Aïd électronique», de manière virtuelle. Il était dit qu'il est des matins qui déchantent pour nous faire languir de jours meilleurs. Dimanche, premier jour de l'Aïd, des bambins, parés de leurs plus beaux atours, gambadaient, insouciants, dans la rue. Des jeunots endimanchés, cheveux gominés et sapés comme jamais, faisaient montre d'une insouciance à mille lieues de la bébête qui fauche des vies à tire-larigot et sape le moral à la race de l'homo sapiens.

C'est à savoir si c'est le Ramadhan qui nous mange ou si c'est nous qui devons dévorer le Ramadhan et en finir avec lui une bonne fois pour toutes ? Parce qu'à regarder ce mois de tous les «coups permis» par le nombril de nos estomacs «essorés», la seule question sérieuse à poser au peuple des jeûneurs est celle de savoir si c'est le Ramadhan qui nous lave au Karcher de tous nos péchés «inexpiables» ou si c'est nous qui le salissons jusqu'à ce qu'il déguerpisse très vite pour revenir torturer nos consciences chloroformées douze mois après. Et si des histoires de grands-mères chauves et édentées nous parlent encore de ces Esprits frappeurs qui sont enchaînés pendant le mois où le Saint Coran fut révélé au dernier des prophètes, comment menotter les mains à ceux qui courent après une place au paradis en apprenant à faire des bigoudis «High Tech» sur la tête teigneuse des chauves désargentés ? Une histoire à «casser le jeûne», encore une, raconte avec un sérieux «paranormal», qu'un homme plein aux as a proposé de construire gratis «sa» propre mosquée pour expier une faute qu'il a commise du temps où la justice était rendue par la raison du plus fort. Une philosophie de la vie, inspirée du monde effroyable des charognes «encagées», que d'autres bipèdes, regroupés en un cartel dit des «prévaricateurs-repentis» auraient, eux aussi, proposé de nourrir des centaines de ventres affamés, avec soda, chamia et amuse-gueule à la clef, moyennant une «fatwa» les autorisant à faire la grande impasse sur le mois de toutes les privations (!!). Mais qui, au fait, se souvient de ce pauvre mouton algérien qui en voulant se faire passer pour le plus gros des ovins fut pris pour un placide bovidé indien et passé par les couteaux gigantesques des bouchers par vocation ?!