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Est-on bien préparé pour le déconfinement ?

par Abdelkrim Zerzouri

Quand les pouvoirs publics commencent à parler de déconfinement, la reprise des activités économiques, administratives et judiciaires n'est, généralement, pas si loin. Très proche quand on entend le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, plaider en faveur de cette voie, en avouant que le déconfinement était une mesure «indispensable». Reste à savoir si la reprise est bien préparée ? Car, la tâche n'est pas de toute aise. M. Benbouzid a estimé dans ce contexte que «l'Algérie s'y est préparée après l'enregistrement d'un recul dans le nombre des cas d'infection au Covid-19 et des décès», mais on n'est jamais assez bien préparé pour déconfiner.

Deux cas d'espèce témoignent des difficultés rencontrées sur ce terrain de la reprise de travail dans un environnement sous emprise du Covid-19, à savoir la décision d'ouverture des commerces, qui a été suivie par une autre décision ordonnant leur fermeture sitôt après avoir observé que les gestes barrières et la distanciation sociale ne sont pas respectés, ainsi que le refus manifesté par le Syndicat national des magistrats (SNM) de s'astreindre à une décision du ministre de la Justice ordonnant la reprise immédiate des audiences civiles et administratives au niveau des tribunaux, des cours de justice et des tribunaux administratifs, pour le motif d'un manque flagrant des conditions de sécurité des magistrats, des avocats, des travailleurs du secteur et les justiciables. Deux « fâcheux » échantillons d'expérience, chacun présentant des arguments assez solides, qui devraient donner à méditer sur cet « indispensable » déconfinement qui ouvrirait les portes à une reprise du travail, notamment autour des meilleurs moyens à mettre en œuvre pour éviter de tomber dans le tâtonnement ou l'improvisation.

Cela doit surtout se faire en étroite collaboration entre le gouvernement et les organisations d'employeurs et de travailleurs pour établir des politiques efficaces ainsi que la confiance nécessaire pour un retour au travail en toute sécurité, note un document de l'Organisation internationale du travail (OIT). La tripartite qui se prépare serait donc le cadre idéal pour cette mission. Mais, ce n'est pas encore suffisant, car la responsabilité civile et pénale des entreprises et des administrations, qui est souvent directement engagée si des employés se trouveraient infectés au Covid-19, contraindrait les responsables concernés à se protéger en s'assurant que la sécurité des travailleurs est entièrement respectée. Le gouvernement préconise un ensemble de mesures à respecter dans ce cadre, mais c'est aux responsables des entreprises et des administrations de veiller directement à leur application à travers une organisation adéquate.

L'OIT propose dans ce sens que chaque milieu de travail, chaque emploi ou chaque groupe d'emplois fasse l'objet d'une évaluation avant le retour au travail et que des mesures préventives soient mises en œuvre pour garantir la sécurité et la santé de tous les travailleurs, selon une hiérarchie des mesures de prévention, consistant, en plus des pratiques de nettoyage et d'hygiène, à installer des barrières physiques comme des vitrines de protection en plexiglas, à améliorer les systèmes de ventilation, ou à adopter des horaires de travail flexibles. Des spécialistes insistent également sur les volets information et formation du personnel pour mieux les outiller à une adaptation convenable au regard des risques de contaminations dans le milieu de travail.