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Le porte-parole de la Présidence: «Doter le pays d'une Constitution consensuelle et d'institutions crédibles»

par Ghania Oukazi

Le président de la République a instruit le ministre de la Justice pour ouvrir une enquête à propos des contrats de vente de « fuel frelaté » au Liban par le groupe Sonatrach.

C'est la réponse donnée hier par le porte-parole de la présidence de la République à une question relative à cette affaire qui a même été exposée au gouvernement libanais par des parlementaires. «C'est un problème libano-libanais, d'après ce qu'on a lu dans la presse libanaise, c'est une des filières de Sonatrach», a déclaré Mohand Oussaïd Belaïd dans la conférence de presse qu'il animée hier au siège de la Présidence. Il affirme notamment à ce sujet que «l'Etat algérien n'est pas impliqué, le président de la République a instruit le ministre de la Justice d'ouvrir une enquête judiciaire à cet effet, si c'est une affaire de personne, la justice fera son travail».

Le message que le président de la République a adressé à l'occasion du 8 mai 45 lui fait dire que «le président a bien affirmé que les questions de la mémoire ponctueront toujours nos relations extérieures, le message est clair à qui il est adressé». Le porte-parole fait savoir, par ailleurs, que «les biens publics détournés par des tiers ne pourront être récupérés qu'après que les verdicts prononcés soient définitifs». A une question sur les ressources financières du pays, Belaïd répond que «si la loi de finances a été établie sur un baril à 50 dollars, la complémentaire a refait ses calculs sur la base d'un baril à 30 dollars, on a de nouvelles dépenses, celles du Covid-19(?).» Il relève que «les grands Etats dépensent des milliards dans ce cadre et ils ne s'en sont pas sortis». Ceci pour préciser que «tout a été bien calculé chez nous, toute décision n'est prise que si elle est bien étudiée et bien examinée, on n'en prend aucune sans qu'il en soit ainsi». Il rebondit sur la crise sanitaire pour indiquer qu'«on peut arriver à produire 7 à 8 millions de bavettes par semaine, on doit aussi s'habituer à en fabriquer chez soi».

«Nous allons passer l'Aïd en confinement»

Le porte-parole de la Présidence note que «nous allons passer l'Aïd en confinement puisqu'il a été étendu jusqu'au 29 mai prochain». Il estime que «sa levée dépend étroitement du citoyen et de son comportement, on ne le répétera jamais assez, la responsabilité du citoyen est fondamentale, on a vu que dès que l'ouverture des commerces a eu lieu, il y a foule partout alors que la menace du Covid-19 est toujours présente(?)». Il choisit cependant d'être optimiste en soulignant que «la tendance mondiale est en baisse, chez nous, la situation est stable mais tout relâchement pourrait remettre en cause les efforts déployés à ce jour».

Il compte, «aujourd'hui, on a 26 centres de dépistage, les moyens de prévention et les médicaments sont disponibles partout». Autre indicateur «prometteur» à ses yeux, «près de 20 patients atteints seulement sont en réanimation, le secteur de la santé a mis en place 6000 lits».

Oussaïd Belaïd affirme à propos des 10 000 DA d'aide décidée par Tebboune au profit des travailleurs qu'elle sera remise avant l'Aïd El Fitr. «Ce sont près de 300 000 personnes qui ont été recensées jusqu'à mardi dernier, pour en bénéficier, ce sera fait dans les tout prochains jours, on avoue qu'il y a eu des difficultés pour recenser toutes les personnes concernées à travers les 48 wilayas, c'est pour ça qu'il y a eu du retard.» Il a ajouté que «plus de 700 familles dont 74% habitent des zones enclavées ont bénéficié de près de 22 000 tonnes de produits alimentaires, de quantités appréciables de produits de nettoiement et de moyens nécessaires médicaux, l'opération est toujours en cours». Pour rappel, dit-il, «2,2 millions de citoyens ont déjà bénéficié des 10 000 DA au titre du couffin annuel de Ramadhan, une somme qui leur a été versée directement dans leurs comptes personnels la veille de Ramadhan». Les dons versés dans les comptes spéciaux «Covid-19» ouverts au niveau du ministère des Finances ont engrangé au mardi dernier, selon lui, «près de 3 milliards DA soit 300 milliards de centimes et près de 1,9 million de dollars».

Interrogé sur le projet de révision de la Constitution, il indique que «ce n'est pas à la présidence de la République de donner son avis mais elle veut connaître les avis de tout le monde, c'est une mouture soumise à débat (?), il y a une commission au niveau de la Présidence qui est chargée de prendre les propositions émises».

«La démarche va prendre du temps»

Belaïd tient à préciser que «la remise de la mouture aux différents acteurs politiques et autres ne répond à aucune arrière-pensée en termes de timing, elle l'a été sur insistance de nombreuses parties, ce n'est pas le président qui a décidé de le faire, il l'a fait sous la condition de respecter les mesures de confinement». Il annonce que «la semaine prochaine, le projet sera mis sur Internet». Pour lui, «on ne peut encore avoir de grands échos à propos de ce texte, on en est qu'au début, la mouture a été remise il y a à peine 3 ou 4 jours, la démarche va prendre du temps». Il explique que «les propositions qui vont être reprises seront celles qui réunissent les Algériens et non celles qui les divisent». Il rappelle qu' «une fois que la commission termine cette étape, le projet sera remis pour examen au Parlement dans ses deux chambres, une fois voté, il sera soumis à un référendum populaire qui, dit-il, aboutira Inchallah avec une majorité confortable». L'objectif de cette révision, dit-il, «ce n'est pas de créer des situations particulières au profit de personnes, mais de doter le pays d'une Constitution consensuelle et d'institutions crédibles pour (?) qu'il ne soit pas bloqué en cas de crise institutionnelle au sommet de l'Etat». Belaïd rappelle qu'en parallèle de ce débat, il y a une commission qui planche sur la révision de loi électorale. «D'ici à la fin de l'année, on aura de nouvelles institutions pour commencer 2021 en rupture avec le passé».

A une question sur la fermeture des médias publics à l'opposition, il répond «il y a eu un opposant qui est passé récemment dans un média public, c'est un début, patientez, la semaine prochaine il y en aura d'autres, on ne peut en peu de temps ouvrir à tout le monde». Pour lui, «les incarcérations de journalistes ont été au nom de la loi, les gens se sont habitués à piétiner les lois, ceux qui le font doivent désormais répondre devant la justice». Le projet de révision ouvre, selon lui, le domaine des libertés «très largement notamment en faveur de la presse». Une liberté, dit-il, «qui s'exerce dans le cadre de la loi».