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Confinement et assouplissement en parallèle ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le confinement partiel est-il parti pour mieux durer ? Tant que la courbe des cas infectés au Covid-19 et les décès dus à la même maladie ne s'approche pas du zéro cas, on ne peut pas penser au déconfinement. C'est ce qui a été matérialisé avec le nouveau prolongement du confinement de 15 jours.

Si on fait lecture des dernières déclarations du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, qui a estimé qu'un déconfinement «n'est envisageable que lorsqu'on constatera une amélioration notable et durable de la situation sanitaire», on déduirait qu'on est loin de décider une sortie du confinement imposé depuis des semaines dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Mais c'est toujours une option envisageable si les conditions en question le permettent dans les prochaines semaines ou les prochains mois.

L'avenir étant difficile à présager avec cette pandémie qui contraint l'humanité à avancer dans le brouillard, il vaut mieux éloigner cette option de déconfinement dans le langage des pouvoirs publics, qui appellent plutôt les citoyens à rester vigilants, à faire des règles de distanciation sociale et d'hygiène des mains un nouveau mode de vie durable.

C'est le souci majeur des autorités en charge de la gestion de cette crise sanitaire inédite, qui se sont trouvées assez souvent confrontées à des choix difficiles. La parenthèse de l'ouverture des commerces pour une brève échéance avant de décider leur fermeture n'est-elle pas en soi un aveu de l'improvisation ? Les milliers de PV de non-respect du confinement établis par les services de sécurité témoignent d'une attitude qui frise l'inconscience individuelle et collective quand il s'agit d'appliquer les mesures essentielles contre le nouveau coronavirus.

Les gens n'étaient pas bien rodés dans ce canal d'autodiscipline en matière de respect des bonnes pratiques pour les laisser libres devant la tentation face aux magasins du prêt-à-porter, le coiffeur ou les commerces de pâtisserie. Le tir a été vite corrigé, à commencer par le port obligatoire du masque de protection ou bavette et l'application stricte des mesures de distanciation sociale et d'hygiène. Le masque, naguère déclaré au début de la pandémie inefficace, voire inutile, devient aujourd'hui « unique et meilleur moyen de se protéger contre la propagation du virus » ?! L'utilisation de la bavette n'a jamais été moins importante, il y a seulement que le confinement strict avait mis au second plan ce moyen de protection, puisque la vie était quasiment paralysée.

L'insistante recommandation de « rester à la maison » n'avait pas besoin d'appeler au port du masque, en sus du fait que la psychose a provoqué une rupture des stocks dans les pharmacies. On ne pouvait pas, donc, parler de port de bavette alors que les stocks pouvaient à peine répondre à la demande des professionnels dans les hôpitaux. Aujourd'hui que l'Etat promet de mettre sur le marché 7 millions de masque par semaine, et que l'on se dirigerait vers un peu plus d'assouplissement sur le confinement partiel, notamment la réouverture des commerces, le port de la bavette devient obligatoire en raison du mouvement social attendu dans ce contexte.