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Tlemcen- Crise sanitaire : les leçons à tirer

par Khaled Boumediene

Après presque deux mois de la crise sanitaire liée au coronavirus, plus de 190 personnes sont atteintes et 7 autres décédées de coronavirus à Tlemcen.

Malgré le confinement partiel, l'épidémie progresse. De nombreuses données indiquent qu'au début c'est au sein des domiciles où les familles et leurs proches émigrés se réunissent qu'a lieu la transmission du Covid-19 dans la majorité des cas mais aussi lors de rassemblements aujourd'hui dans les lieux publics où le contact est étroit entre les habitants et commerçants qui ne respectent pas l'éloignement physique, le port des masques de protection et l'hygiène des mains, afin d'interrompre la transmission et réduire les interactions entre eux, surtout depuis le début de ce mois de Ramadhan où on observe une croissance nette du nombre des patients Covid-19 à cause du relâchement constaté de manière fort remarquée.

Certains professeurs en médecine ne se lassent pas de rappeler à la population d'être prudente, afin d'éviter toute contamination au Covid-19, comme l'affirme le professeur Ali Lounici, chef de service de médecine interne du CHU Tlemcen et titulaire du diplôme d'études approfondies d'épidémiologie et interventions en santé publique et du diplôme de recherche biomédicale et méthodes de recherche clinique à l'Université de Bordeaux. « Le virus qui se propage par les gouttelettes respiratoires et par contact avec des surfaces contaminées, a eu une forte répercussion sur la santé publique des gens notamment sur les personnes âgées et les personnes présentant une affection préexistante, par exemple la maladie cardiovasculaire, le diabète, la maladie respiratoire chronique ou cancer. Ces personnes ne doivent pas se joindre aux rassemblements, car elles risquent davantage de développer une forme sévère de Covid-19 ou d'en mourir. Il faut respecter les mises en garde et les recommandations émises par les autorités sanitaires et les services de sécurité, car le risque de propagation des maladies infectieuses y est souvent élevé, en particulier dans les zones encombrées, par exemple les trottoirs bondés, les superettes et les marchés de fruits et légumes. Les habitants et commerçants doivent éviter tout rassemblement à l'extérieur ! A l'heure actuelle, il faut recourir à la distanciation sociale afin de livrer le moins de cibles au virus».

De son côté, un professeur en médecine du CHU de Tlemcen, qui a tenu à garder l'anonymat, souligne que « des leçons doivent être tirées de cette crise sanitaire de coronavirus pour créer les conditions requises pour un renforcement continu des capacités en prévision de la survenue de situations d'urgence sanitaire en même temps que l'épidémie actuelle ou dans le futur. Il faut décortiquer la stratégie de riposte au Covid-19 mise en place par les autorités locales et sanitaires et déceler toutes les défaillances enregistrées, afin d'améliorer la préparation et diminuer les risques et les impacts des urgences sanitaires susceptibles de surgir dans le futur. Car il ne faut pas le cacher, il y a eu quelques irrégularités dans les mesures de prise en charge des personnes atteintes de coronavirus au début de cette crise sanitaire, comme le choix fait pour l'ouverture d'une unité réa-Covid-19 à l'EPH de Remchi de 60 lits, qui s'est avérée ensuite très étroite au bout de 20 jours pour contenir des dizaines de malades atteints ou suspects de coronavirus. La délocalisation instantanée des services de traumatologie, dermatologie, neurologie et de rééducation physique du bloc 470 a pénalisé tous les malades qui sont livrés à eux-mêmes et sans aucune prise en charge clinique. Tout le personnel soignant de ces disciplines est actuellement chez lui en attente d'un éventuel retour au travail, c'est un peu dramatique ! Il faut noter aussi la suspension de toutes les consultations pour les malades ordinaires, la réduction des interventions chirurgicales dans la quasi-majorité des services et également l'activité de certains services qui n'assurent plus la continuité des soins avec la même densité qu'auparavant. A mon avis, on aurait dû ouvrir dans chaque EPH des unités de réa-Covid 19 pour désengorger le CHU de Tlemcen, c'est la solution idoine, afin de prendre les malades spécifiques à chaque service !».

Il faut aussi ajouter le manque de communication des autorités locales et sanitaires lors de cette crise sanitaire afin d'éclairer l'opinion publique. Selon un cadre administratif du CHU, le gel du projet d'un deuxième hôpital a constitué un coup dur pour le secteur de la santé et de la population de la wilaya de Tlemcen. «La wilaya de Tlemcen a besoin d'un autre hôpital pour faire face à toute crise sanitaire liée à ce genre de pandémie ou d'épidémie, car l'actuel hôpital qui date de l'époque coloniale n'arrive plus à contenir tous les malades de la wilaya et encore moins à ceux atteints de coronavirus !». Il est à rappeler que toutes les procédures administratives et techniques étaient prêtes pour la réalisation de cet hôpital de 500 lits dans la ville de Chetouane en partenariat avec des Anglais.