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LA TERRE ET DES PIONNIERS

par Abdou BENABBOU

Les autorités en charge de la gestion de l'agriculture ont du pain sur la planche pour peu qu'elles se décident à prendre à bras-le-corps les différentes décisions annoncées par le chef de l'Etat. D'abord, il ne doit pas être question de garder cette vision obsolète que les Algériens ont toujours eue sur un préconçu d'une agriculture d'appoint puérile et dégradée qui fait d'elle un domaine où il suffit de remuer la terre et piocher. Le sujet est aussi large qu'il a fini à travers l'histoire par devenir complexe et aussi ardu que toutes les industries réunies.

Le savoir et la connaissance y sont de rigueur pour le déploiement d'une révolution planifiée. C'est d'une transformation d'un pan entier de la société qu'il s'agit. L'agriculture ne repose pas seulement sur des lopins de terre à défricher. Elle recommande l'ensemble d'un environnent à bouleverser. Elle est actes pluriels pour transfuser écoles et universités, logements, hôpitaux, transports, stockage, loisirs pour que des régions entières fassent une profonde mue. Il s'agit pour ce faire de créer une nouvelle vie.

Tout le pactole financier en milliards de dinars versé avec une maladresse déroutante au profit de l'Ansej aurait dû servir à insuffler une nouvelle vie au monde agricole. Plutôt que de démultiplier les kiosques, les boutiques de douteux produits cométiques et la floraison infantile des étals de babioles inutiles, l'argent considérable jeté par les fenêtres aurait dû être une sève nourricière pour des milliers de jeunes ouverts aujourd'hui plus que jamais aux rôles de pionniers. Il suffirait d'un accompagnement par la mise à disposition d'un environnement nécessaire pour permettre un goût à la vie. La terre seule à travailler et à cultiver signifierait le goulag. Pour transformer les déserts de l'ouest de leur pays en éden, les Américains ont commencé par le train.

Des efforts indéniables en matière d'infrastructures sont visibles, mais ils ne suffiraient plus à prodiguer une renaissance des régions en berne et endormies. Et à nouvelles contraintes et conjonctures nouvelles visions et recettes. Puisque la notion de souveraineté, largement galvaudée avec des arrière-pensées politiciennes, est aujourd'hui saisie avec sagesse et circonspection, l'investissement étranger intelligemment installé dans le monde agricole ne doit pas être dédaigné. Parce que là aussi il sera surtout question de transfert de savoir-faire et de technologie.