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Cimetière d'Aïn El-Turck: Le coronavirus ajourne le rituel hebdomadaire de recueillement

par R. B.

  Contrairement au début des week-ends de la période antérieure à la crise sanitaire, le cimetière ?Bouaâmeur' d'Aïn El Turck, était plongé dans un profond silence en cette matinée du vendredi, intervalle de temps sacro-saint consacré initialement au recueillement sur les tombes des proches. Un calme inhabituel régnait en ce lieu, qui était uniquement troublé par le gazouillement intermittent et le frénétique battement d'ailes des oiseaux, se chamaillant dans les allées disproportionnées, étroites et tapissées d'herbes folles, qui serpentent entre les tombes. Une image d'un rituel troqué et tronqué par le confinement sanitaire. «Ces morts reposent en paix, tandis que nous autres vivants sommes tourmentés par l'angoisse et la suspicion, face à l'autel de notre vie, en ces temps de pandémie de ?Covid-19'», a fait tristement remarquer en substance un quinquagénaire abordé devant le portail verrouillé donnant accès ce cimetière, situé à mi-chemin de l'accès nord-ouest du chef-lieu de la daïra d'Aïn El Turck. Dissimulant péniblement son air affligé, notre interlocuteur a philosophé «Chacun de nous doit se souvenir, se remémorer et se recueillir en adressant des prières muettes à ceux qu'ils chérissent en leur murmurant paix à leur âme. Évitons de tomber au fond de l'abîme de l'indifférence et de la perplexité. La miséricorde est la qualité la plus noble de l'être humain». Toujours est-il qu'en respect aux mesures préventives pour la lutte contre la pandémie du coronavirus, les visiteurs ont spontanément mis un frein à leur rituel de recueillement hebdomadaire et ce, dès l'annonce du confinement sanitaire partiel. Du coup l'ambiance particulière, rehaussée par une cohorte de revendeurs à la sauvette de fruits de saison et autres friandises, qui prévalait notamment les vendredis dans et aux abords immédiats du cimetière Bouaâmeur, a brutalement disparue pour céder sa place à la sérénité des âmes, qui se reposent. «Nous n'oublions pas de prier pour eux et de nous recueillir, même de loin, à leurs mémoires», a ajouté un autre interlocuteur.