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Grève des PNC: Des poursuites disciplinaires contre 200 travailleurs d'Air Algérie

par Houari Barti

Quelque 200 travailleurs d'Air Algérie, dont des syndicalistes, feront l'objet de «poursuites disciplinaires» après avoir refusé de se conformer à la décision de justice qui a suivi le dernier mouvement de grève du personnel navigant commercial (PNC), a affirmé, hier, Mekhazni Rabah, directeur des Relations de travail, au ministère du Travail de l'Emploi et de la Sécurité sociale.

En réponse à une question sur les cas de grèves lancées «sans respect des procédures légales» lors de l'émission «l'invité de la rédaction» de la Chaîne 3, M. Mekhazni a, tout d'abord, souligné que l'Etat a toujours veillé à l'application des lois, notamment la loi 90-14, relative aux modalités d'exercice du droit syndical et qu'il dispose d'institutions qui veillent à ces contrôles et au respect des libertés syndicales.

Le personnel navigant commercial d'Air Algérie, a-t-il rappelé, a déclenché un débrayage, le 17 février, avec la participation d'environ 1.100 travailleurs, mais «sans respect des procédures légales», a-t-il estimé. Les revendications des grévistes portent sur l'accord salarial qui n'a pas été respecté, selon les déclarations des représentants des travailleurs, sur la discrimination en matière de programmation des vols internationaux et des questions ayant trait aux conditions de travail et de calcul d'heures de vol», a-t-il rappelé. Des revendications légitimes, a-t-il estimé. Néanmoins, a-t-il poursuivi, «il y a eu violation des procédures de recours à la grève. Ce qui a mené l'entreprise à déposer plainte au Tribunal et demander par réquisition au Tribunal de Dar El Beida, l'évacuation du lieu de travail par les grévistes». Ceci a donné lieu à une reprise du travail le 21, à l'exception de 200 personnes, dont des syndicalistes qui feront l'objet de poursuites disciplinaires, a-t-il affirmé.

L'invité de la Chaîne 3 a, par ailleurs, révélé que durant l'année 2019, l'inspection du Travail a recensé 466 grèves dont 5 à caractère national. Ces grèves, a-t-il dit, «ont mobilisé environ 314.000 travailleurs et occasionné une perte de 266 journées non travaillées».

Dressant une carte sur l'implantation syndicale en Algérie, M. Mekhazni a indiqué, par ailleurs, que le nombre des syndicats de travailleurs enregistrés s'élève à 91, dont 63 sont implantés dans les institutions et administrations publiques, soit un taux de 69%, alors que 28 autres sont concentrés dans le secteur économique, soit 31%». Le même responsable a expliqué que les 63 organisations syndicales de travailleurs implantées dans les institutions et administrations publiques, sont réparties sur plusieurs secteurs, notamment l'Education nationale (25), la Santé (19), la Justice (4), l'Enseignement supérieur (3), l'Intérieur (3), alors que les secteurs des Finances et de la Formation professionnelle englobent chacun 2 syndicats. M. Mekhazni a expliqué que «le nombre d'organisations syndicales enregistrées, conformément aux dispositions de la loi 90-14 du 2 juin 1990, sur les modalités d'exercice du droit syndicale, s'élève à ce jour, à 138 syndicats, dont 91 organisations syndicales de travailleurs et 47 organisations syndicales d'employeurs».

Le même responsable a souligné, par ailleurs, que sur les 138 organisations syndicales recensées, pas moins de 48, soit 34%, sont «inactives», car n'ayant pas exercé ou renouvelé leur instance de direction. M. Mekhazni a, en outre, annoncé la révision « des critères de représentativité syndicale, qui seront revus dans le cadre de l'amendement de la loi 90/14 » en prenant en charge, entre autres, « les conditions de création de Fédérations et d'Union». Evoquant l'avant-projet de révision du code du Travail, l'invité de la Chaîne 3 a expliqué que ce projet a été «actualisé» et toutes les observations du Bureau international du Travail (BIT) ont été prises en considération, a-t-il précisé.