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Perturbation de l'AEP, voirie, hygiène...: Les habitants dénoncent la dégradation du cadre de vie à Aïn El Turck

par Rachid Boutlelis

  Un mélange de sarcasme, de sidération et d'amertume était nettement perceptible, dans la matinée d'hier, chez la population et ce, après une nuit d'averses qui ont coïncidé avec la deuxième semaine d'une absurde coupure d'eau. L'humour noir a souligné le loufoque à travers ces bassines et autres récipients, ayant été exposés sur les terrasses et même sur les trottoirs, pour récolter une précieuse eau de pluie, offerte à titre gracieux par la nature. Ce piteux constat ressemble à un virulent pamphlet asséné par une population outrée au plus haut point par la dégradation de son cadre de vie, ne se résumant point à une coupure d'eau, a claqué ainsi comme un cinglant fouet. En effet, il est bon ou mal, selon les auditeurs, de ressasser le sordide de cette partie de la wilaya d'Oran, qui s'identifie notamment durant les averses, à travers le piètre état de la voirie, résultant du peu ou voire d'absence d'opérations de curetage des avaloirs, de la dégradation des chaussées et de l'insensée prolifération du phénomène des ralentisseurs hors normes, véritables goulots causant la stagnation des eaux pluviales et autres désagréments pour la circulation automobile. Et comme le ridicule ne tue point, la collecte des ordures ménagères a décidé d'apporter de l'eau au moulin et ce, en se laissant désirer pour se faire aimer encore plus follement comme le comportement d'une jeune femme à l'égard de son amant. Ce ridicule outrancier est le créateur patenté des décharges sauvages sur les trottoirs, les places publiques, la voie publique et du répugnant, qui empestent les rues et les boulevards du chef-lieu de la daïra d'Aïn El Turck, désignée, comble de l'ironie, comme zone d'appui pour les Jeux Méditerranéens qu'organisera la capitale de l'ouest l'année prochaine. Les nombreux chantiers de projets d'utilité publique dont certains sont inscrits sur le Plan du renouvellement économique (PRE), en somnolence ou carrément à l'arrêt, qui ont englouti des milliards, essaimés à travers cette municipalité, ajoute une exécrable esquisse supplémentaire au piteux paysage de cette municipalité, envahie par une morbide bidonvilisation qui empiète même sur les plages dans une insolente indifférence, frisant la stupidité des uns et des autres. Dans cette anarchique mélasse, qui coule comme le pus d'un drain, l'informel attise l'ire des piétons et des automobilistes, en imposant, avec une parfaite effronterie, sa présence, même sur les plages durant la saison estivale, à la faveur d'un bonasse laisser-faire. «L'informel envenime notre cadre de vie. Il s'enracine pernicieusement au fil des jours et fait partie prenante des paysages de notre lieu de résidence» ont déploré des habitants du quartier Bensmir, communément appelé douar Maroc, où 100 locaux commerciaux, à l'instar des 100 autres du quartier d'El Bahia et des 100 autres de Bouisseville, réalisés en 2012, ont été transformés en lieu de rencontres et de beuveries pour les marginaux. «Nous avons vainement et à maintes reprises, saisi à travers des requêtes les responsables concernés et ce, pour tenter, un tant soit peu, de sauver ce qui reste des branlants meubles. Nous avons finalement perdu tout espoir» ont ajouté nos interlocuteurs avec une pointe de dépit non dissimulée.