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A l'épreuve, sans délai de grâce !

par Abdelkrim Zerzouri

La nouvelle équipe du gouvernement Tebboune est dans son ensemble confrontée dans l'immédiat à de nombreuses priorités, voire des défis primordiaux qui exigent d'eux de se mettre dans le bain sans tester la température de l'eau, notamment le ministre de l'Education nationale. Moins d'une semaine après avoir pris ses fonctions, le nouveau ministre de l'Education nationale, M. Mohamed Ouadjaout, a été brutalement mis à l'épreuve face à la grève des enseignants du primaire, engagée d'une manière cyclique depuis le mois d'octobre dernier, et qui a repris le 8 janvier. Aucun délai de grâce pour le ministre, qui devait se familiariser avec les dossiers de son secteur au moins durant les deux premières semaines de sa prise de fonction à la tête du département de l'Education.

Un véritable test pour le concerné. Mais, M. Ouadjaout savait pertinemment à quoi s'attendre, lui qui a relevé lors de son installation que cette responsabilité «est un fardeau au vu des multiples défis et enjeux auxquels est confronté le pays dans divers domaines». Saura-t-il désamorcer ce conflit qui se poursuit durant le début de ce deuxième trimestre de l'année scolaire ? Le ministre avait soutenu publiquement qu'il ne ménagera aucun effort pour trouver des solutions efficientes aux problèmes du secteur, en collaboration avec tous les cadres et les travailleurs de l'Education, les partenaires sociaux et les parents d'élèves, ce qui laisse entendre que des solutions immédiates n'existent pas.

Dans le secteur de l'Education nationale, on ne peut rien changer dans l'urgence, car toute solution exige du temps pour sa mise en application. Et le temps, c'est qui va manquer au nouveau ministre qui doit agir vite dans le cas de ce mouvement de contestation initié par les enseignants du primaire. Il y a bien ce projet de la réforme de l'école décidé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui touche l'un de ces points de revendication des contestataires, en l'occurrence l'allègement des programmes scolaires pour le primaire, mais il reste encore d'autres points qui échappent, parfois, aux prérogatives du ministre, entre autres l'exercice du droit syndical et la revendication en lien avec l'aspect salarial, en l'occurrence l'application avec effet rétroactif du décret présidentiel 266/14 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires et l'unification des critères de classement afin de valoriser sur un pied d'égalité les détenteurs de diplômes.

Un génie équilibriste y trouverait certainement des difficultés pour apaiser la colère des enseignants du primaire, sans leur donner quelque chose de concret dans l'immédiat. Ne pas oublier également que d'autres syndicats, des « observateurs » dans ce conflit qui souffre de représentativité légale de la base, sont également à l'affût pour en découdre avec la tutelle. Les capacités de M. Ouadjaout à gérer ce conflit auront à coup sûr des incidences directes sur l'impératif rétablissement de la confiance au sein de la famille de l'Education. Un challenge qu'il s'est fixé et qui fait appel rapide à toute son énergie.