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Ouyahia, Sellal et les autres: Les procès débutent aujourd'hui

par Houari Barti

Une première dans les annales de la justice algérienne avec l'ouverture aujourd'hui du procès dit des «malversations dans l'industrie automobile» par le tribunal de Sidi M'hammed à Alger. A la barre des accusés, des grosses pointures de la politique avec deux ex-Premiers ministres, en l'occurrence Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, mais aussi quatre anciens ministres, dont trois ayant été à la tête du département de l'Industrie, à savoir Mehdjoub Bedda, Youcef Yousfi et Abdessalem Bouchouareb qui est toujours en fuite, en plus de l'ancien ministre des Transports, Abdelghani Zaâlane.

L'ancienne wali de Tipaza, Mounia Zerhouni figure également parmi les prévenus dans ce dossier au même titre que quatre hommes d'affaires et non des moindres : Ali Haddad, ancien président du FCE, Hassane Larbaoui, patron de KIA Motors Algérie, Ahmed Mazouz, patron du groupe Mazouz et Mohamed Bairi, PDG du groupe Ival. «Ces dossiers sont très lourds et vous serez étonnés par ce que les magistrats feront», avait promis, il y a quelques jours, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, lors de la présentation et du débat du projet de loi modifiant le code de procédure pénale au Conseil de la nation.

Pour les chefs d'inculpation retenus par la chambre d'accusation à l'encontre des responsables politiques suscités, on retrouve l' «abus de fonction délibéré à l'effet d'octroi d'indus avantages à autrui en violation des dispositions légales et réglementaires», «passation de contrats en violation des dispositions réglementaires en vue d'accorder d'indus privilèges à autrui» et «dilapidation de deniers publics». S'agissant des hommes d'affaires impliqués dans le dossier, on leur reproche notamment, «blanchiment d'argent», «transfert de biens obtenus par des faits de corruption à l'effet d'en dissimuler la source illicite dans le cadre d'un groupe criminel», «dilapidation et utilisation de fonds de banques», «incitation d'agents publics à exploiter leur influence effective et supposée dans le but de bénéficier d'indus privilèges et de bénéficier du pouvoir et de l'influence des agents de l'Etat, des collectivités locales, des entreprises et institutions publiques de droit public et des entreprises économiques publiques ou des établissements à caractère industriel et commercial (EPIC) durant l'établissement de contrats et marchés à l'effet d'augmenter les prix et de modifier, en leur faveur, la qualité des matières, services et approvisionnement».

Les audiences qui vont débuter aujourd'hui seront ainsi «publiques» telles que l'avait annoncé le ministre de la Justice en prenant l'opinion à témoin : «le peuple pourra juger de l'accomplissement ou non par ces magistrats de leur travail».

Aujourd'hui donc débute une longue série et les procès devraient s'étaler dans le temps, vu le nombre de personnes impliquées et des affaires à juger.