La semaine
dernière, «Papicha», un film de la réalisatrice
Mounia Meddour, qui raconte l'histoire d'une poignée d'étudiantes algériennes,
résidentes de la cité universitaire, ayant bravé la violence des années 90 pour
monter un défilé de mode, est projeté dans environ 150 salles de cinéma en
Hexagone. Or, prévu en avant-première en Algérie, dès le 21 septembre dernier,
le même film a été annulé in extremis par les autorités de notre pays, sans
aucune raison. Ce qui compromet sérieusement sa participation aux Oscars. Pour
rappel, sélectionnée dans la section «Un certain regard» au Festival de Cannes
et saluée par la critique ainsi que les médias au Festival du film arabe de «Fameck
Val frensh», organisé en France du 2 au 14 octobre
dernier, où elle a fait salle comble, cette production cinématographique reste
toujours, à en croire les indiscrétions de certains médias, en lice pour les
Oscars. La question que l'on est en droit de se poser dans ce papier, c'est
qu'au-delà de la dimension sensible du film dans la mesure où il traite de
l'émancipation de la femme et des tabous sexuels durant la guerre civile,
pourquoi nos responsables prennent-ils souvent des décisions de censure et
d'interdiction à l'encontre de certains films ou festivités culturelles, sans
avertir le grand public ni tenir compte de son opinion, ni moins encore lui
avancer des arguments valables pour le convaincre ? N'y a-t-il
pas là un mépris patent du pouvoir de discernement de ce dernier et de sa
capacité à distinguer les vrais bijoux des navets du cinéma ? Puis, a-t-on
vraiment, chez nous, une politique de management culturel qui prend en compte
toutes les retombées commerciales d'une telle interdiction de projection ?
Enfin, priver un film du terroir, quelque que soit son thème, d'une audience
locale, n'est-il pas un frein à la promotion du septième art dans un pays où
quiconque sait que la culture reste le parent pauvre des politiques publiques ?
En somme, «Papicha» remet au goût du jour le dilemme
du cinéma algérien, partagé entre sa volonté de s'émanciper pour atteindre
l'universalité et le drame de la censure qui le tire vers le bas !