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Poursuivis pour «complot contre l'autorité de l'Etat»: Le procès de Saïd Bouteflika, Toufik, Tartag et Hanoune s'ouvre aujourd'hui

par Moncef Wafi

Le procès tant attendu du frère de Bouteflika, de deux anciens chefs du renseignement et d'une cheffe de parti politique s'ouvre aujourd'hui. Saïd Bouteflika, Mohamed Mediene, dit Toufik, qui a dirigé les Services secrets, durant 25 ans, son successeur Athmane Tartag, ex-coordinateur des Services de renseignement ainsi que Louisa Hanoune, la SG du Parti des travailleurs (PT) vont comparaître, à partir d'aujourd'hui devant le Tribunal militaire de Blida.

Saïd Bouteflika et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai dernier. Louisa Hanoune a été placée en détention provisoire le 9 mai. La justice militaire les avait inculpés d'« atteinte à l'autorité de l'armée » et de « complot contre l'autorité de l'Etat », des chefs d'accusation pour lesquels ils encourent 5 à 10 ans de prison, selon le code de justice militaire. Me Miloud Brahimi, l'avocat de Saïd et Toufik avait déclaré que la justice avait bouclé l'instruction le 5 septembre et que la défense avait été informée de la date de la tenue du procès une semaine plus tard. Pourtant, la présence de Mediene au tribunal n'est pas tout à fait actée puisque, gravement malade, son état de santé pourrait ne pas lui permettre d'être présent à l'audience, selon Miloud Brahimi. « La blessure à l'omoplate, causée par une chute accidentelle à la prison, ne fait que s'infecter et nécessite une deuxième intervention chirurgicale qui doit être programmée en urgence. L'accusé ne peut pas se lever, ni tenir sur une chaise. Il est peu probable qu'il puisse être jugé lundi », révèle-t-il.

Rappelons que la famille Mediène avait alerté l'opinion publique, à deux reprises, à travers une lettre ouverte, sur la « dégradation » de l'état de santé du général et exigé « des soins appropriés à la hauteur de la fracture extrêmement grave » à l'omoplate qui risque, selon eux, de « gangrener ». Par ailleurs, et concernant le cas de la première responsable du PT, les partis regroupés au sein de l'Alliance des Forces de l'Alternative démocratique ont exigé, dans un communiqué rendu public samedi dernier, sa libération. « Les forces de l'Alternative démocratique rappellent leur ferme condamnation de la politique de criminalisation de l'action politique et du délit d'opinion. Elles exigent la relaxe pure et simple pour Louisa Hanoune et la libération de tous les détenus politique et d'opinion », indique le document.

Les avocats de la SG du PT ont introduit trois demandes de libération provisoire qui ont toutes été rejetées par le Tribunal militaire dont la dernière remonte au 9 septembre dernier.

Le chef d'état-major de l'ANP avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediene et Tartag de se réunir pour comploter contre l'armée. Entendu comme témoin le 14 mai dans le cadre de cette enquête, le général à la retraite Khaled Nezzar avait révélé que Saïd Bouteflika lui avait dit envisager d'instaurer l'état de siège et de démettre le général Gaïd Salah, afin de mettre un terme à la contestation contre son frère. Nezzar est depuis le 6 août sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par le Tribunal militaire de Blida. Rappelons qu'en août dernier, la Chaîne III de la Radio algérienne avait indiqué que le juge d'instruction près le Tribunal militaire de Blida «a clos son enquête» concernant le dossier de Saïd Bouteflika ainsi que ceux de l'ex-chef de l'ex-Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Mediène, dénommé Toufik, de Bachir Tartag, ex-chef du Département de surveillance et de sécurité (DSS) et de Louiza Hanoune, et leur procès débutera « dans les prochaines semaines».