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Un scénario électoral basé sur une branlante certitude

par Kharroubi Habib

Les retraits des formulaires de souscription de signatures individuelles auxquels ont ou vont procéder les postulants à la candidature pour l'élection présidentielle du 12 décembre prochain n'impliquent nullement que le train de celle-ci est irrévocablement en marche, ni que le pouvoir qui l'a mis en branle est parvenu à s'assurer pour elle d'un casting qui la prémunirait de l'accusation d'être une mascarade électorale. Les deux conditions qui éviteront à ce rendez-vous électoral d'être qualifié de tel sont qu'il lui faut une forte participation populaire et des candidatures qui ne soient pas folkloriques.

Apparemment, le général Gaïd Salah et le haut commandement de l'armée semblent convaincus que ces deux conditions sont réunies malgré la persistance d'un mouvement populaire toujours vent debout contre l'option électorale qu'ils ont prônée et ont ordonné l'accélération, et le refus d'y prendre part exprimé par des personnalités à même par leur participation à la compétition de rehausser son crédit. Sans nul doute que ces décideurs basent leur conviction que cette élection présidentielle aura lieu en réunissant les deux conditions précitées sur les retours d'informations et analyses qui leur sont transmis sur l'état d'esprit qui prévaudrait dans l'opinion publique concernant ce rendez-vous électoral et sur les contacts directs ou par émissaires interposés qu'ils ont avec de potentiels candidats à l'envergure censée cadrer avec le casting voulu par eux.

Rien n'est pourtant joué d'avance car la certitude qu'ont ces décideurs émane de leur seule conviction que les analyses sur lesquelles ils se basent sont exactes. S'ils ont tiré de celles-ci qu'il y a effectivement une tendance de plus en plus large au sein de l'opinion publique qui se dégagerait en faveur de l'élection présidentielle projetée, ils font fausse route en entrevoyant qu'elle se traduira par une participation électorale massive. Quant aux « grosses pointures » qu'ils pensent avoir ferrées avec les promesses et garanties qu'ils leur ont probablement fait miroiter, elles ne paraissent pas déterminées à sauter le pas d'une rupture irrémédiable avec le camp de l'anti-élection.

Loin de se désunir et d'en être réduit à rabattre de ces exigences pour l'élection présidentielle, ce camp se ressoude au contraire face à un pouvoir dont l'intransigeance à l'égard de la revendication populaire concernant les symboles subsistants du régime déchu sert de combustible à sa dynamique contestatrice. Les « grosses pointures » qui semblent avoir été appâtées par les avances du pouvoir pourraient à ce constat lui faire faux bond et par conséquent contribuer à faire capoter le scénario tel qu'envisagé par les promoteurs de l'option électorale.