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Dialogue national: Vers l'élargissement du panel à 23 personnalités

par Yazid Alilat

Karim Younès, qui dirige l'instance de dialogue et de médiation mise en place jeudi par le chef de l'Etat Abdelkader Bensalah, a encore une fois insisté hier dimanche sur le préalable de la mise en place des mesures d'apaisement à toute ouverture du dialogue national pour la résolution de la crise politique actuelle.

En particulier pour l'organisation d'élections présidentielles, comme cela est prévu par la présidence de la République. M. Karim Younès a expliqué dans une intervention à la radio nationale que les membres du panel « insistent sur l'application rapide des mesures d'apaisement réclamées comme préalables avant l'entame du dialogue ». « Il n'y aura pas de dialogue politique si les mesures d'apaisement ne sont pas concrétisées », a-t-il averti. Le panel des six personnalités désignées par le pouvoir a entamé hier dimanche à Alger sa première réunion de travail avec comme ordre du jour, selon M. Younès, « les modalités de conduite de ce dialogue avec l'ensemble des forces politiques et les acteurs de la société civile ». Sur les mesures d'apaisement demandées par le panel, il a expliqué que « nous comprenons qu'elles ne puissent être appliquées au lendemain de notre rencontre avec le président, mais nous ne comprenons pas qu'elles ne soient pas appliquées dans les prochains jours », avant d'affirmer que les membres du panel « ne pourront entamer leur travail tant que les mesures d'apaisement ne seront pas effectives ». Il a pressé les autorités à mettre en pratique les mesures d'apaisement le plus tôt possible pour assurer les conditions idoines pour ouvrir la voie au dialogue politique. Il a déclaré que « dès lors que le chef de l'Etat a donné son accord pour les mesures d'apaisement, elles doivent être appliquées sur-le-champ ». Dans sa page Facebook, Karim Younès avait indiqué après sa rencontre avec le chef de l'Etat que « dès le début de la rencontre, le panel a tenu à préciser à son hôte que le cadre du dialogue auquel il a appelé ne peut s'inscrire, inévitablement, que dans l'esprit des revendications légitimes des millions d'Algériens et d'Algériennes sortis pour réclamer une Algérie démocratique, une Algérie nouvelle, une Algérie conforme aux aspirations de la génération éclose en février 2019 ». Devant Bensalah, les membres du panel avaient posé sept conditions « avant toute entame de la médiation » : libération de tous les détenus du hirak, le respect du caractère pacifique des manifestations par les forces de l'ordre, la cessation des actes de violence et d'agression à l'encontre des manifestants pacifiques du hirak et des étudiants, l'allègement du dispositif policier, notamment dans la capitale lors des marches hebdomadaires, l'ouverture de tous les accès à la capitale les jours des marches, la libération du champ médiatique tel que revendiqué par les professionnels de la presse et souhaité par la population en général, et un appel unanime au départ du gouvernement en place et son remplacement par un gouvernement de consensus, formé de technocrates non partisans ».

Par ailleurs, l'ordre du jour des travaux de dimanche du panel était centré, selon M. Karim Younès, sur le règlement intérieur et son programme de travail, outre la mise en place du programme d'activités du panel, dont des visites aux partis et aux organisations de la société civile, en plus de la recherche d'un local. M. Karim Younès s'est également déclaré confiant quant à sa mission et le travail avec les partis et les représentants de la société civile.

Par ailleurs, au cours de leur réunion d'hier dimanche au domicile de Smaïl Lalmas, les membres du panel ont accueilli un nouveau membre, après l'admission de Mohamed Yacine Boukhenfir, « un jeune du hirak », selon un communiqué rendu public par l'instance et signé de son coordinateur Karim Younès. Des sources proches de cette instance parlent également de l'éventualité de son élargissement à 23 membres, avec des invitations lancées à des personnalités politiques, des médias et de la société civile : Djamila Bouhired, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Ahmed Benbitour, Mokdad Sifi, Abdelaziz Rahabi, Lyes Merabet, Ilyas Zerhouni, Messaoud Boudiba, Guessoum Abderrazak, Rachid Benyellès, Hadda Hazzam, Brahim Ghouma, Brouri Mansour, Rachid Hanifi, Adda Bounedjar, Farès Mesdour, Mustapha Bouchachi, Chemseddine Chitour, Benbrahem Fatma-Zohra, Drifa Ben M'hidi, Saïd Bouizri et Mokrane Aït Larbi. Dans son communiqué, l'instance annonce que sa composante pourrait encore être élargie sur décision de ses membres « sans aucune interférence de quelque partie que ce soit ». Sur sa mission, l'instance dirigée par Karim Younès indique qu'elle consistera à « prendre attache, discuter et dialoguer avec les membres de la société civile, les partis politiques, les personnalités nationales, les jeunes et les acteurs du hirak dans toutes les régions du pays afin de dégager une conception minutieuse pour sortir de la crise actuelle». «Afin d'atteindre cet objectif, la commission, sur la base d'un calendrier qu'elle arrêtera dans les plus brefs délais, avec toutes les parties citées, afin d'écouter leurs points de vue et leurs propositions concrètes pour sortir de la crise actuelle», ajoute le même communiqué.

«Après la fin des rounds de dialogue, une synthèse des différentes propositions sera élaborée et le panel pourrait effectuer les médiations nécessaires pour rapprocher les propositions contradictoires le cas échéant. Des propositions finales sanctionneront une conférence nationale souveraine dont les décisions seront opposables à toutes les autorités publiques », explique encore le communiqué du panel. Enfin, les propositions finales seront soumises à la présidence de l'Etat qui aura à les concrétiser sous forme de lois. La commission n'exclut pas par ailleurs la mise en place de groupes de travail constitués de juristes et d'autres experts en cas de nécessité.