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Une présidentielle à tout prix ?

par Mahdi Boukhalfa

La tenue d'une élection présidentielle, unique voie de sortie de la crise politique actuelle, revient de plus en plus au-devant des préoccupations des pouvoirs publics. L'état de statu quo actuel ne semble pas acceptable pour les autorités qui sont actuellement en train de montrer à tous les acteurs politiques le chemin d'un inévitable dialogue politique pour une sortie rapide de l'impasse et, notamment, valider l'option d'une élection présidentielle dans les meilleurs délais. Une éventualité cependant repoussée jusque-là par certaines forces politiques qui estiment qu'organiser des élections présidentielles dans les conditions actuelles reviendrait à accorder un «blanc-seing» aux autorités actuelles, alors que la rue algérienne réclame une refondation totale du modèle de gouvernance dans le pays.

C'est d'ailleurs la présidence de la République, à travers des déclarations de son secrétaire général, qui donne la mesure quant à la volonté des autorités d'en finir avec cette période de «no man's land» politique, de tergiversations et de temporisation. Et de pousser la classe politique à accepter le principe d'élections présidentielles dans les meilleurs délais avec quelques garanties, dont la neutralité de l'armée et du pouvoir. Pour cela, un dialogue fécond et profond est nécessaire, estiment de leur côté les partis d'opposition comme les personnalités nationales invitées à s'engager dans cette démarche.

Noureddine Ayadi, secrétaire général de la présidence de la République, explique bien la démarche des autorités : «Le dialogue portera sur les conditions d'organisation de cette élection, sur les mécanismes ou les organes à mettre en place pour garantir la transparence et la régularité du scrutin ainsi que sur l'échéancier électoral». Mais, l'exclusion des autres options mises sur la table par l'opposition, dont une constituante ou une période de transition gérées par des personnalités nationales, par la présidence ne devrait pas faire avancer le débat, ce dialogue «pouvoir-opposition» qui n'arrive pas à se mettre en place. Les positions des uns et des autres restent encore trop éloignées, pour le moment, et l'appel de la présidence à la tenue des élections présidentielles comme préalable à une sortie de crise ne semble pas et ne devrait pas avoir de larges échos.

Ahmed Taleb Ibrahimi a expliqué mardi dans une déclaration les inquiétudes de la classe politique quant aux objectifs de ce dialogue national soutenu par les pouvoirs publics, en estimant que le «souhait du pouvoir de lancer un dialogue doit émaner d'une volonté politique véritable, qui dépasse les considérations conjoncturelles et instantanées (...) et qui prenne en compte les revendications des forces politiques et sociales qui appellent à prendre des mesures concrètes pour apaiser la situation et pour rassurer». Pour le reste, il est également reproché au pouvoir d'adopter un double discours, celui de soutenir d'une part les conditions de l'opposition de mettre en place un dialogue de sortie de crise, avec au préalable une période de transition politique, et en même temps de vouloir imposer à tous les acteurs politiques, y compris les personnalités nationales que l'on veut associer à cette démarche, une élection présidentielle qui ne ferait que reproduire un modèle de gouvernance tant décrié par les Algériens.