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Une médiation morte avant de commencer

par Kharroubi Habib

L'Union européenne fait un pressing diplomatique sur Téhéran pour que l'Iran revienne sur sa décision de reprendre l'enrichissement de son uranium au-delà des limites fixées dans l'accord conclu à Vienne en 2015. Il faut d'abord préciser que les Iraniens ont scrupuleusement respecté les engagements auxquels ils ont souscrit dans cet accord qu'ils n'ont pas quitté après que les Etats-Unis s'en soit retirés et ont réactivé en les aggravant les sanctions contre leur pays et cela en toute illégalité du point de vue du droit international.

Quoi qu'on pense par ailleurs du régime iranien, ses dirigeants n'ont pas pris prétexte de ces initiatives américaines pour retirer leur pays de l'accord de 2015 et le délier des obligations qu'il lui impose. Téhéran a toutefois prévenu que c'est ce qui arrivera si les autres puissances contractantes qui désapprouvent l'attitude américaine et s'en tiennent à la validité de l'accord cessent d'honorer les engagements à l'égard de l'Iran auxquels les astreint le dit accord. Or la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne qui continuent à défendre la validité de l'accord ont dû se résoudre à faire faux bond à l'Iran en renonçant sous le diktat américain à la promesse de reprise et de dynamisation de leurs relations économiques avec la République islamique. A leur encontre, le président Donald Trump a fait jouer l'extra-territorialité que s'arroge la justice américaine qui consiste à soumettre à sanction les entreprises étrangères qui continueront à commercer avec l'Iran mis sous embargo par son pays. Malgré leur faux bond, ces Etats et l'Union européenne dont ils sont membres tentent de convaincre l'Iran de rester dans l'accord de 2015 et à en respecter unilatéralement les clauses. Pour cela, ils ont fait miroiter pour Téhéran la mise en place d'un mécanisme financier censé contourner les sanctions américaines auxquelles sont exposées leurs entreprises qui continueront à commercer et à être présentes en Iran. Lequel mécanisme s'avère ardu, voire même impossible à mettre en place du fait qu'il ne fait pas unanimité dans l'Union européenne. Ce qui ne dispose pas Téhéran à céder aux pressions de cette Union européenne visant à convaincre son pays à rester sans réagir à l'escalade des mesures américaines qui sont en train de paralyser son économie avec le risque de provoquer une explosion sociale. Les dirigeants iraniens sont d'autant moins enclins à céder qu'ils constatent que les Etats européens pour ne pas paraître être dans une situation de totale impuissance à l'égard des Etats-Unis présentent la décision iranienne sur l'enrichissement de l'uranium comme constituant une violation de l'accord de 2015 que ne justifie pas l'agression économique américaine dont l'Iran est victime, ni leur propre suivisme de Washington. Téhéran a d'ailleurs parfaitement compris que l'Iran n'a rien à attendre de leur part, d'où alors même que l'Union européenne s'est proposée d'entreprendre une médiation dans la crise irano-américaine, ses dirigeants ont fait savoir qu'ils sont disposés à des négociations directes avec les Etats-Unis et ont fait savoir sous quelles conditions ils sont prêts à les engager. Il y a donc à parier que la médiation européenne est morte avant de commencer.