«La
connerie, quand elle commence à pleuvoir, il faut un sacré parapluie ! » Il n'y
a rien de mieux que cette réplique amusante, tirée du film « Cinq jours en juin
», réalisé en 1989 par Michel Legrand, pour décrire l'incohérence, voire la
stérilité de la stratégie gouvernementale de Noureddine Bedoui
pour résorber les effets de la crise provoquée par le clan Bouteflika.
Illégitime, chahuté par la population à chaque déplacement de l'un de ses
membres sur le terrain, critiqué par les médias et la blogosphère, tourné en
dérision sur les réseaux sociaux, l'exécutif est à plaindre. Même les élèves
des écoles primaires se mettent à chanter des slogans hostiles à ce qui reste
d'un système grabataire. Du jamais vu dans l'histoire de l'Algérie indépendante
! Le comble, c'est que ce dernier parle encore de projets et de programmes,
dans un climat « crisogène » dont il est en grande
partie responsable, de par son attitude à camper au pouvoir. Jusqu'à quand
cette attitude va-t-elle durer ? Jusqu'à quand continuera-t-on à voiler le
soleil par un tamis ? Est-il concevable de fouler au pied la volonté populaire,
tout en prétendant servir l'intérêt général ? Jouer à saute-mouton avec le
peuple, dans une période aussi critique que celle-ci n'est-il pas porteur de
gros risques d'instabilité ? Si, à chaque ouverture du J.T., le chef
d'état-major fait sa démonstration de muscles, en passant en revue les forces
militaires, dans l'intention de prouver que la grande muette est toujours là
pour protéger les frontières du pays de tout danger extérieur, il serait
peut-être plus pragmatique de prouver que celle-ci servira de rempart contre
toute atteinte aux vœux démocratiques de ce peuple, en lutte pour le
recouvrement de ses droits confisqués, depuis cinq mois. L'enjeu étant de
préparer le terrain à l'Algérie de demain, de soulager les esprits par des
décisions historiques courageuses, de faire des efforts pour démocratiser la
patrie et passer dans les meilleurs délais le flambeau à la jeunesse. Seule une
conscience morale, appuyée sur le sens de la légitimité est à même de démêler
l'écheveau d'une crise qui sévit et rompt les chaînes de communication entre le
haut et le bas de la pyramide. L'embarras irritant de n'oser parler de
démocratie quand on est militaire suffit à convaincre que la solution à nos
maux se trouve du côté de la société civile, les partis politiques, le
mouvement populaire. La synergie entre toutes ces forces-là créera, sans aucun
doute, une nouvelle dynamique de changement. L'initiative politique lancée, il
y a quelques jours, par nombre d'associations et de syndicats n'est-elle pas le
début de la fin de la crise ? Vivement, in chaa Allah
! Enfin, il va falloir peut-être clôturer cette chronique, en relayant mon
confrère l'écrivain égyptien Alaa Al Aswany, qui termine chacune de ses chroniques dans « Al-Masri Al-Youm » par cette belle
formule « La démocratie est la solution ».