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Le drapeau
par Moncef Wafi
Ils ont
levé un drapeau qui n'est pas celui de l'occupant ni des ennemis intimes encore
moins d'un pays terroriste qui exerce l'apartheid. Ils n'ont fait que brandir
leurs couleurs, celles des origines et de l'histoire, de la langue maternelle
et des ancêtres communs. Ils ont bravé l'interdiction ordonnée par l'autorité
réelle comme l'ont fait, ce jour-là, des centaines de milliers de bras dans
toute l'Algérie. Et ils ont fini en prison, accusés d'avoir tenté de saborder
l'unité nationale alors que d'autres voix aboient matin et soir appelant à
lyncher tous ceux qui ne parlent pas leur langue, qui n'ont de maîtres que leur
propre ombre et qui ne se reconnaissent pas dans cette Algérie qui n'est ni
civile ni démocratique.
Les 17
manifestants qui ont été écroués représentent cette autre Algérie que les
anciens valets ont peur de voir. Ils sont la quintessence de cette jeunesse qui
ne se retrouve plus dans ce discours désuet sur le nationalisme des mandats et
des indus avantages accordés sur le dos du peuple. Ils sont la voix portée haut
et fort de cette rue qui est sortie le 22 février pour dénoncer un régime qui
s'accroche encore au pouvoir. Ils ont chanté le pays où ils rêvent de vivre et
hué ces fantômes du passé qui déversent leur venin, cachés derrière un écran.
Notre propos n'est ni d'évoquer une de ces pauvres caricatures en particulier
mais il se trouve malheureusement que la surenchère appelle parfois à des
réactions virulentes voire violentes. Et il est temps que la justice
s'autosaisisse pour empêcher ces créatures allaitées au biberon de la haine de
l'autre de sévir davantage avant que les choses dérapent. Appeler ouvertement à
l'apartheid comme l'a fait une certaine Naïma Salhi
pour ne pas la citer est d'une gravité sans pareille mesure et ouvre la porte à
tous les dépassements inimaginables. Ces propos discriminatoires et racistes
convoquent l'urgence d'une réaction salutaire des pouvoirs publics et
n'était-ce le sens de la responsabilité et l'unité du peuple, on pourrait
facilement verser dans le scénario catastrophe. Un scénario déjà vu quand
l'Algérie était divisée entre islamistes et républicains et maintenant on
cherche à allumer les feux de la sédition en instrumentalisant la question
identitaire. Insulter cette créature, l'invectiver, la traiter de tous les
qualificatifs n'est pas en soi une réponse intelligente à apporter au débat
même si la tentation est grande, et les Algériens sont en droit d'attendre de
cette justice, qu'on promet au-dessus de tous les justiciables quels qu'ils
soient, qu'elle fasse son job.
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