Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Gaïd Salah tempête mais le peuple décrète

par Kharroubi Habib

Se prévalant du pouvoir que lui confère la Constitution, le très contesté président par intérim de l'Etat s'était empressé de fixer au 4 juillet la tenue du scrutin de l'élection présidentielle destinée à donner un successeur à l'ex-président Bouteflika contraint de quitter avant terme de son mandat le palais d'El Mouradia. Le pouvoir incarné par Bensalah a dû se résoudre à renoncer à cette échéance fixée par lui mais en persistant dans sa volonté d'organiser ce rendez-vous électoral qui revêtirait, selon l'avis de son homme fort, le général Ahmed Gaïd Salah, chef de l'état-major de l'armée, un caractère impérieux et urgent devant être admis comme tel par tous les acteurs de la crise politique que vit l'Algérie. Mais pour aussi résolu que soit le pouvoir à l'organisation de l'élection présidentielle, il lui faut compter avec un mouvement populaire qui a décrété que depuis le 22 février l'Algérie a fini avec l'ère des élections présidentielles et exige qu'il soit établi les conditions et mécanismes qui garantiraient l'honnêteté et la régularité de telles échéances électorales dont notamment l'exclusion de leur pilotage et contrôle par les responsables encore en place du régime Bouteflika. Inflexible sur ce préalable, le mouvement populaire ne peut être taxé d'irresponsabilité pour son refus d'engager le dialogue sur cette question ou toute autre avec ces responsables dont il exige le départ et peut lui importe l'argument qu'on lui oppose de la constitutionnalité de leur maintien.

L'impasse dans laquelle est le pays risque de se prolonger même si l'homme fort du pays continue à tempêter et à diaboliser les opposants à la tenue de l'élection présidentielle aux normes que veut lui imposer le pouvoir de fait qu'il incarne. Sans lever l'obstacle que constitue le maintien du personnel politique dont le mouvement populaire revendique la disqualification, Gaïd Salah ne parviendra pas à obtenir le consensus qu'il recherche pour l'organisation de l'élection présidentielle. A défaut de ce consensus une telle élection, s'il décide malgré tout d'en faire la gageure et d'en fixer l'échéance, ne fera qu'aggraver la crise politique et produire les ingrédients d'une explosion populaire qui transformerait la révolution du sourire faisant l'admiration du monde entier en une révolte à laquelle sera donnée la légitimité de vouloir autrement faire triompher la souveraineté populaire et l'aspiration du peuple algérien à un Etat de droit, à la démocratie et à une gouvernance respectueuse des droits des citoyens et des libertés collectives.