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Requête pour un réarmement moral de l'Algérie

par Amine Bouali

Les Algériens sont totalement stupéfaits par le scandale des révélations sur les malversations imputées à des hommes d'affaires et de hauts commis de l'Etat qui ont profité de leur puissance d'argent et de leur pouvoir de décision pour accroître leurs acquis en biens matériels, en dehors des exigences de la loi et des règles de la morale (mais cette dernière barrière était, de toute évidence, le cadet de leurs soucis !). Certains d'entre eux sont aujourd'hui inquiétés par la justice et placés en détention provisoire et d'autres risquent de l'être bientôt.

Il suffisait pourtant, ces dernières années, de prêter attention à la source « officieuse » d'informations que constitue chez nous la rumeur publique (mais beaucoup d'entre nous l'avaient prise, à tort, pour de la médisance) pour suspecter « qu'il y avait quelque chose de pourri au royaume du Danemark ! » (William Shakespeare).

En 2003, l'écrivain Mohammed Dib s'étonnait dans sa dernière interview-testament de « l'aptitude des Algériens à faire leur propre malheur » et une majorité d'Algériens probablement, ainsi que beaucoup d'amis étrangers de notre pays, ne cachaient pas leur consternation devant le bilan « mi-figue mi-raisin » de l'Algérie indépendante et n'arrivaient pas à comprendre « comment l'Algérie, cette promesse d'une grande nation, en était arrivée là ?». Notre pays depuis 1962 pouvait-il faire beaucoup mieux ? Sans hésitation, la réponse est oui !

Un jour, l'Histoire jugera pourquoi l'Algérie a raté le coche et, en particulier lors de la période récente, gaspillé ses chances de réel développement. Et aussi pourquoi nombre d'erreurs impardonnables ont pu être commises sans que personne en « haut lieu » n'y ait mis un terme ou se soit inquiété du fait qu'elles allaient finir par provoquer la révolte des Algériens. Aujourd'hui, des millions d'entre eux sont dans la rue pour exiger un véritable changement et notre pays ne peut pas se permettre un nouvel échec. Il doit impérativement se réarmer moralement afin de reconstruire le « rêve algérien » dilapidé. Mais cette renaissance n'est possible que si chacun de nous accomplit son devoir, à la place exacte où il se trouve et du mieux qu'il peut.