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Il avait entamé une grève de la faim: Kamel Eddine Fekhar décède à l'hôpital de Blida

par Moncef Wafi

Le militant des droits de l'homme, Kamel        Eddine Fekhar (54 ans), est décédé hier matin au Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Blida, a annoncé son avocat Me Salah Dabouze dans une vidéo qu'il a publiée sur son compte Facebook. Selon l'APS, il est mort après avoir été transféré pour des soins intensifs dans un service spécialisé de réanimation, après la détérioration de son état de santé suite à une grève de la faim, selon ses proches. Selon une source au service des urgences de l'hôpital Frantz Fanon, le défunt a été transféré vers la structure sanitaire, lundi soir, dans un état comateux. Il a trouvé la mort vers six heures du matin, ce mardi. Fekhar avait été admis au pavillon carcéral de l'hôpital de Ghardaïa le 26 avril dernier avant d'être transféré dans la nuit de lundi à mardi derniers vers le CHU de Blida. Arrêté fin mars dernier, près de son lieu de travail à Ghardaïa, Kamel Eddine Fekhar avait entamé une grève de la faim pour dénoncer son incarcération. Ces dernières heures, son avocat avait alerté, sur la base des révélations de l'épouse de Fekhar, sur la détérioration de son état de santé. Dans une vidéo de près de 12 minutes, Salah Dabouze a explicitement dénoncé les autorités judiciaires de Ghardaïa. «Kamel Eddine a été mis en détention pour un dossier vide décidé par le procureur général de Ghardaïa, exécuté par le juge d'instruction de la première chambre sous la pression du procureur de la République et du procureur général», a-t-il déclaré sous le coup d'une intense émotion. L'avocat accuse également le wali qui selon lui «a toujours stigmatisé les militants des droits de l'homme, ils les a condamnés, avant que la justice n'examine leur dossier». Salah Dabouze rappelle avoir tiré la sonnette d'alarme «depuis trois semaines pour dire que Fekhar et Aouf Hadj Brahim étaient détenus dans des conditions inhumaines dans le pavillon carcéral de Ghardaïa. Rien n'a été fait. J'ai déposé pour le compte de Me Zahi une demande de mise en liberté pour Aouf et Kamel, le juge d'instruction l'a refusée en un temps record», a-t-il ajouté. Me Dabouze a annoncé également qu'il va déposer plainte, au plus tard jeudi, pour «non-assistance à personne en danger» contre le directeur et le personnel hospitalier de l'hôpital de Ghardaïa. «C'est également la volonté de sa femme et de Aouf Brahim de déposer cette plainte», explique l'avocat au HuffPost Algérie. Me Dabouze a annoncé également son intention d'internationaliser le dossier Fekhar : «J'accuse toutes les autorités judiciaires et administratives qui ont traité ce dossier. J'appelle les autorités centrales et onusiennes à examiner le dossier. Il n'y a que le dossier qui peut nous dire si Fekhar a commis des actes graves. Il n'a rien fait, il n'a fait qu'une interview sur ma page», a-t-il ajouté. Le décès de l'activiste a entraîné de nombreuses réactions de dénonciation à l'image du communiqué du secrétariat national du FFS qui parle d'une «détention abusive et arbitraire» dans des conditions «insoutenables et inhumaines». Le FFS exige aussi «que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès» ainsi que «la libération immédiate des autres détenus d'opinion qui croupissent d'une manière illégale et despotique dans les geôles de la mort et des pires entraves à la dignité humaine». De son côté, Saïd Sadi estime que «sa mort n'est ni un accident ni un hasard. Il faudra se rappeler qu'elle est la conséquence d'une gestion inique et archaïque qui a déjà fait trop de victimes innocentes et qui ne manquera pas d'en faire encore si elle venait à se perpétuer». La mort de Fekhar a aussi soulevé l'indignation des internautes unanimes à dénoncer «la responsabilité» des autorités dans son décès.