Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

France - Des paris suspects sur le match DRBT-ESS: Le foot algérien au cœur d'un nouveau scandale

par A. L.

  Sans aucun doute, la dépêche de l'AFP balancée mardi en fin d'après-midi a fait l'effet d'une «bombe» tant dans les milieux sportifs que dans les réseaux sociaux. On se croirait en Italie où ce genre d'affaires revient périodiquement, à l'instar du «totonéro». On rappellera qu'à la suite du dernier scandale dans ce pays de parieurs impénitents, le grand club de la Juventus a été rétrogradé en Série B lorsque les preuves irréfutables ont été réunies. En dépit de la grande influence de ses dirigeants, la Juve a vécu une saison dans cette division inférieure avant de revenir parmi l'élite après avoir purgé sa sanction. En l'occurrence, voici le texte in-extenso de cette dépêche. «Sept parieurs ont été arrêtés mardi dans l'est de la France dans une enquête sur des soupçons de match arrangé en Algérie impliquant l'un des plus grands clubs du pays, l'ES Sétif. La rencontre, qui comptait pour le championnat d'Algérie, le 12 mai 2018, s'était soldée par une victoire 3-2 du DRB Tadjenanet contre l'ES Sétif. Sur les cinq buts, trois avaient été inscrits sur penalty. D'après les sources proches du dossier, une enquête avait été ouverte par le parquet de Nancy à cause de paris en ligne suspects enregistrés dans la région, notamment autour de Metz.

Selon l'une des sources, quelques milliers d'euros avaient été misés sur le score exact, la cote étant à 40 contre un et les gains se chiffrent rapidement à des dizaines de milliers d'euros», a expliqué l'une des sources à l'AFP.

Les sept personnes, liées à l'Algérie, ont été interpellées par les policiers du Service central des courses et jeux (SCCJ) en Meurthe-et-Moselle. Les enquêteurs cherchent à déterminer quels liens les parieurs ont pu avoir avec des protagonistes de la rencontre. Selon l'une des sources, l'un des opérateurs avait signalé les anomalies sur les paris, qui avaient aussi été repérées par le système de surveillance de l'Autorité de régulation des jeux en lignes (Arjel). Evidemment cette information a fait le tour des réseaux sociaux, d'autant plus que l'année passée, la BBC avait diffusé une enquête dans laquelle des témoins anonymes décrivaient la corruption comme un phénomène répandu dans le football algérien.

En outre, le magazine spécialisé «France Football» a repris cette affaire en recueillant des déclarations d'un arbitre, sous couvert d'anonymat bien évidemment, qui a participé à ces magouilles dans le but d'arranger des rencontres de championnat d'Algérie contre des avantages financiers.

Ce qu'il faut retenir d'abord, c'est que, pour le moment du moins, il s'agit de soupçons seulement et qu'il convient, comme l'indique clairement la loi, que les personnes sur qui pèsent ces soupçons bénéficient de la présomption d'innocence.

Par contre, si l'enquête venait à authentifier l'arrangement du match ESS-DRBT, alors là, il faudra que les autorités compétentes, à savoir le MJS et la FAF, s'autosaisissent de ce dossier afin, dans un premier temps, cibler et punir les auteurs de ce genre de malversations qui nuit au football algérien. Il va sans dire que les sanctions doivent être à la hauteur de ce très grave délit, à savoir aussi sportives que pénales. Dans ce cas de figure, et comme cela se passe à l'étranger, les auteurs doivent être punis et radiés du mouvement sportif, tandis que les clubs incriminés seront rétrogradés en divisions inférieures, nonobstant les condamnations de justice. En Algérie, durant ces dernières saisons, il y a eu pas mal d'accusations de parties adverses et rapportées par les médias mais, à notre connaissance, les auteurs de ce genre de délits ainsi que les clubs n'ont pas été sanctionnés. Au sein de la FAF, il existe une commission d'éthique dont le rôle est double: veiller à la régularité des compétitions, dénoncer et se prononcer sur les actes délictueux qui font tant de mal au football algérien.

Pour le moment, il est clair qu'elle n'a aucun dossier chaud sur la table, alors que des rumeurs se multiplient en cette fin de saison où les arrangements sont légion aussi bien parmi l'élite que dans les divisions amateurs. Aussi, les membres de cette commission devraient se trouver sur le terrain où ils pourraient découvrir pas mal d'anomalies qui pourrissent le sport dit roi. Car, il est clair, qu'en l'absence de toute sanction, ce virus va se propager à vitesse grand V et dénaturer complètement le football. Nous souhaitons bien sûr nous tromper, mais il est grand temps que les instances compétentes prennent le taureau par les cornes afin de mettre fin, définitivement, à ce fléau des temps modernes où l'argent règne en maître. Affaire à suivre...