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Incarcération de Louisa Hanoune: Affaire d'Etat ou dérive ?

par M. M.

L'arrestation, jeudi dernier, de Mme Louisa Hanoune a été largement dénoncée par des partis politiques, des syndicats et des personnalités politiques et de la société civile. C'est un communiqué du secrétariat permanent du Bureau politique du Parti des Travailleurs, dont Mme Hanoune est la SG, qui a confirmé jeudi la «mise en détention provisoire par le Tribunal militaire de Blida après avoir répondu à une convocation du juge d'instruction comme témoin».

Le document rappelle que le PT «s'était prononcé contre le cinquième mandat de A. Bouteflika», et «s'est exprimé contre toutes les manœuvres visant à contourner la révolution populaire exigeant le départ du système dont la prétendue transition qu'ils veulent faire déboucher sur la présidentielle du 4 juillet 2019».

«C'est donc cela qui est reproché à Mme Louisa Hanoune», affirme le communiqué de son parti, pour qui l'arrestation de sa SG est «un acte de criminalisation de l'action politique indépendante et l'expression d'une volonté de mise au pas des militants et activistes par le pouvoir de fait». Le PT appelle également à «l'abandon de toutes les charges retenues contre elle et à sa libération inconditionnelle».

D'autres partis politiques, comme le FFS, Jil Jadid, et le PST, ont réagit à l'information de l'arrestation de la SG du PT. Le Front des forces socialistes (FFS), par la voix de son Premier secrétaire, Hakim Belahcel, «dénonce et condamne énergiquement l'arrestation de la secrétaire générale du Parti des Travailleurs Mme Louisa Hanoune». Le FFS se dit «solidaire avec le Parti des Travailleurs» et «exige la libération immédiate de sa secrétaire générale». «Le FFS condamne avec force ce nouveau forcing du pouvoir réel algérien qui vise à faire aboutir son agenda politique en laminant toute voix discordante et en torpillant la révolution populaire», ajoute le communiqué qui appelle «à maintenir la dynamique révolutionnaire pacifique, seul rempart contre la nouvelle dictature galopante».

Pour Jil Jadid, la mise en détention préventive de Mme Louisa Hanoune «pose clairement la question des libertés politiques et interroge sur les véritables intentions du nouveau pouvoir». «Faisant suite à une série d'arrestations d'anciens responsables du pays et d'hommes d'affaires, ce dernier acte fait peser de lourdes présomptions sur l'orientation que prend le cours des événements», ajoute le communiqué de Jil Jadid signé par son président Soufiane Djilali. Ajoutant : «L'implication de la justice militaire suppose des actes gravissimes des prévenus, tous civils ou retraités de l'armée. Alors que le mouvement populaire appelle à la mise en place d'un Etat de droit, ces affaires judiciaires doivent être impérativement clarifiées auprès de l'opinion publique». «Le régime de Bouteflika doit être remplacé par un processus démocratique et en aucun par un système autoritaire», conclu le communiqué de Jil Jadid.

Sur sa page Facebook, Mahmoud Rechidi, SG du Parti Socialiste des Travailleurs (PST) qualifie l'arrestation de Mme Louisa Hanoune de «campagne de purges et de répression qui instrumentalise la justice civile et militaire». «Quels que soient les motifs de cette cabale et les multiples divergences qu'on peut avoir avec le PT, la dénonciation de la répression et des velléités d'atteintes aux libertés devient prioritaire», dit Mahmoud Rechidi qui exprime sa «solidarité» à Mme Hanoune.

LADDH, CNES, Mouwatana

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a dénoncé, jeudi dans un communiqué, l'arrestation de Mme Hanoune, considérant que «la situation prend dangereusement une autre tournure» qui ouvre la voie à «toutes les dérives». «Aujourd'hui encore, un autre pas est franchi; une femme politique, chef d'un parti, est arrêtée après sa comparution en tant que témoin devant le tribunal militaire, ouvrant par-là, la voie à tous les scénarios et à toutes les dérives», ajoute la LADDH.

Le SG du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), Abdelmalek Rahmani, s'est exprimé via sa page Facebook appelant à «Libérer Louisa Hanoune», et qualifiant son arrestation de «dérive totalitaire», considérant que c'est les «vampires du FLN et du RND qui doivent être en prison pour haute trahison».

Toujours sur les réseaux sociaux, le mouvement Mouwatana affirme que «l'incarcération de Mme Louisa Hanoune est un grave dérapage», exprimant sa «vive inquiétude par rapport à cette situation». Djamel Baloul (député FFS), Djamel Zenati (ancien député FFS), Noureddine Bouderba (syndicaliste) et d'autres, ont dénoncé l'incarcération de Mme Hanoune et exprimé leur solidarité avec le PT.