Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le fossé s'élargit entre le peuple et Gaïd Salah

par Kharroubi Habib

En persistant dans la position équivoque consistant d'une part à défendre l'option de la transition dans le cadre constitutionnel découlant de l'activation de l'article 102 de la loi fondamentale et de l'autre à laisser entendre qu'il n'est pas fermé aux propositions alternatives que peuvent émettre le mouvement citoyen, la société civile et la classe politique, le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP a fini par braquer contre lui la colère populaire.

Ce qui s'est vérifié vendredi 26 avril par le fait que contrairement à ce qu'ils faisaient dans leurs précédentes marches, les manifestants l'ont carrément pris pour cible et scandé à son encontre des slogans tout aussi peu amènes que ceux visant les symboles de la « issaba » contre laquelle ils se sont soulevés. Gaïd Salah qui prétend s'être rangé aux côtés et avec le peuple était peut-être ulcéré par ce qu'ils ont proféré à son égard, mais il lui faut tout de même admettre que le ressentiment populaire a quelques raisons d'être.

Les Algériens ont certes applaudi le chef de l'armée qui s'est rangé à leur côté en demandant au nom de l'institution militaire l'activation de l'article 102 et ont été tentés de lui faire confiance quand il a prôné d'élargir cette activation aux articles 7 et 8 relatifs à la primauté de la souveraineté du peuple. Ils ont vite compris néanmoins que Gaïd Salah qui a contribué à précipiter la démission de l'ex-président contesté par eux n'a eu et ne pouvait avoir le même agenda politique et de revendications que celui de leur mouvement citoyen.

Par intérêts de corps et personnels, le chef d'état-major de l'ANP ne pouvait en effet comme il l'a prétendu souscrire aux revendications axiales du mouvement populaire dont la satisfaction engendrerait la remise en cause de ces intérêts. Tant qu'il estimera être en capacité de faire obstruction à la prise en compte de ces revendications, il ne changera pas d'attitude à l'égard du mouvement populaire. Lequel ne se méprenant sur les véritables intentions du chef de l'armée a décidé d'augmenter sur lui la pression populaire de telle sorte qu'elle lui fasse comprendre que si l'institution militaire qu'il commande est et restera partie prenante à la solution de la crise politique du pays, lui par contre est en passe d'en devenir le problème au même titre que les résidus humains et institutionnels qui résistent sous sa protection au dégagisme qui les vise et que le peuple est déterminé à obtenir. C'était le sens des slogans qui ont été scandés vendredi dernier et l'ayant visé.