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Quand le dialogue devient un «mécanisme civilisé»

par Kharroubi Habib

Dans l'allocution qu'il a prononcée mardi, le chef de l'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense s'en est vertement pris aux figures du mouvement citoyen et aux personnalités de la classe politique et de la société civile qui ont décliné l'invitation de Abdelkader Bensalah à prendre part à la concertation lancée par lui pour la mise en place d'une instance électorale indépendante en vue de la présidentielle censée avoir lieu le 4 juillet prochain.

Gaid Salah qui de toute évidence a été l'inspirateur de l'initiative avortée du président par intérim de l'Etat les a blâmés pour avoir boycotté alors que, selon lui, elle est «censée être un des mécanismes civilisés qu'il y a lieu de valoriser, notamment dans ces circonstances particulières que vit notre pays». Il n'est pas pourtant sans savoir que les acteurs de la crise politique qu'il a fustigés ne sont pas contre le principe du dialogue et de la concertation comme méthode de recherche de solution à cette crise, ce qu'ils rejettent et refusent c'est que la concertation ait lieu sous les auspices et le pilotage de personnages du régime dont les Algériens unanimes réclament le départ depuis le 22 février.

En prenant la défense de l'initiative Bensalah malgré son fracassement, l'homme fort du pays confirme qu'il s'en tient à la transition dans le cadre constitutionnel pourtant contrevenant à ce que le peuple souverain veut comme mécanisme à une transition qu'il n'entend pas laisser à la responsabilité des affidés du régime contre lequel il s'est soulevé. Les milieux auxquels il s'en est pris ont fait du dialogue et de la concertation la pierre angulaire de leurs propositions face à un pouvoir qui, avant d'être emporté par le tsunami de la contestation populaire et n'ayant même pas anticipé celle-ci, niait l'existence d'une crise politique dans le pays et rejetait avec arrogance leurs propositions en la matière.

La souveraineté populaire ne veut pas d'une transition avec Bensalah à sa tête. Gaid Salah qui prétend lui reconnaître être la source du pouvoir envisageable pour le pays semble ne vouloir s'en tenir à son respect que si elle valide le processus transitoire qui a ses faveurs et ceux de l'institution qu'il commande à la présidence intérimaire de l'Etat qui bloque la situation du pays, mais bien la persistance du chef de l'état-major à ne considérer la souveraineté du peuple que comme une référence théorique dissimulant son intention d'être le maître de la décision et des horloges de ce qui est à entreprendre pour combler le vide provoqué par la démission du président déchu et la disqualification du régime qu'il a incarné.