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Des ministres chassés, d'autres boycottés: Le gouvernement Bedoui en mauvaise posture

par Z. Mehdaoui

Après le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Salah-Eddine Dahmoune, accompagné par le ministre des Ressources en Eaux, chahutés samedi et hier dimanche, à Béchar, c'est au tour du ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, de subir le rejet du peuple. Le ministre de l'Intérieur Salah-eddeine Dahmoune, qui devait notamment inspecter un projet de transfert des eaux de la région de Boussair, sur une distance de 5 km vers plusieurs communes a été accueilli par des slogans «Dégage ! Dégage!», lancés par des citoyens. Le dispositif sécuritaire mis en place a empêché la foule des manifestants de s'approcher du ministre contraint de chambouler son programme de visite : «Nous sommes un gouvernement de gestion des affaires courantes, mais nous sommes tenus de préparer les échéances sociales, comme les examens de fin d'année, le mois de Ramadhan, le Hadj», a t-il déclaré au siège de la wilaya.

Le ministre qui a, par ailleurs, indiqué que tous les Algériens «sont pour le changement, mais dans le respect des lois et règlements du pays et le souci de préserver l'unité du peuple».

La semaine dernière c'était le ministre des Travaux publics, Mustapha Kouraba qui a eu droit au même comité d'accueil qui a perturbé sa visite à Ain Naâdja, dans la wilaya d'Alger. Ces ministres, tenus par l'obligation de montrer que l'Etat continue de fonctionner, normalement, malgré la crise politico-constitutionnelle que vit le pays, seraient bien inspirés de rester dans leurs bureaux et d'éviter ces sorties sur le terrain qui ne font qu'apporter du carburant à la grogne populaire. Le ministre de l'Energie tenu d'entamer une visite de travail hier dimanche, dans la wilaya de Tébessa, ont, lui et la délégation qui l'accompagnait, été encerclés, dès son arrivée à l'aéroport. La délégation ministérielle a été ainsi empêchée de sortir de l'aéroport de Cheikh Larbi Tébessi, l'obligeant à se réfugier derrière un dispositif sécuritaire important. Un troisième ministre, de l'Education nationale, Abdelhakim Bélabed a, lui aussi, connu un «couac» puisque les syndicats autonomes du secteur de l'Education invités à une rencontre, hier dimanche, avec lui ont boycotté la réunion, devant porter notamment sur la préparation des examens de fin d'année. Les syndicats, au nombre de six, regroupés au sein de la Coordination des syndicats automnes ont expliqué ne pas vouloir «traiter avec un ministre qui appartient au gouvernement Bedoui rejeté par le peuple», selon un communiqué. Le ministre s'est lui défendu de n'être «le prolongement de personne» dans une allusion à l'ex ministre Mme Benghabrit. Abdelhakim Bélabed admet, cependant, que sa mission «est difficile et sensible», ajoutant qu'il est un enfant du secteur comme « élève, enseignant et responsable». Depuis quelques jours le fossé entre le gouvernement Bedoui et la population s'est creusé davantage.

Au train où vont les choses, cette défiance générale de la population risque de coûter la place à tout le gouvernement Bedoui.