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Gaz gratuit pour la France et rupture des relations avec Exxonmobil: Les réponses de Sonatrach

par Moncef Wafi

Ni gaz gratuit pour la France ni rupture des relations avec les partenaires étrangers sont les deux messages forts délivrés par Sonatrach, à travers son vice-président des activités de commercialisation, Ahmed El-Hachemi Mazighi.

Dans un entretien accordé à l'APS, ce dernier a répondu aux deux principales interrogations qui ont secoué la rue algérienne et particulièrement l'information concernant des exportations gratuites du gaz à la France. «Non, l'Algérie n'a jamais exporté gratuitement du gaz ou autres produits liquides» des hydrocarbures à ses clients, a affirmé El-Hachemi Mazighi, ajoutant qu'«il est impossible» de le faire que ce soit vers la France ou un autre pays».

Dans son explication, il rappelle certains principes en matière d'exportation qui, théoriquement, et que pour «qu'une molécule d'hydrocarbure puisse quitter le sol algérien, il faut qu'il y ait une déclaration douanière». Puisque la base de cette déclaration est d'avoir un volume mesuré associé d'un prix, il est donc impossible d'exporter quoi que ce soit «sans déclarer le prix et le volume», souligne-t-il. Concernant justement les relations de l'Algérie avec la France en matière de gaz, il précise qu'elles remontent à 1976 avec la signature de trois contrats suivis d'un quatrième en 1991, et qu'il s'agit de GNL (Gaz naturel liquéfié). «Sur les quatre contrats, deux ont expiré en décembre 2013. A l'heure actuelle, il ne reste que deux contrats en vigueur : le premier porte sur l'exportation de 3,5 milliards m3/an jusqu'à 2020, tandis que le second porte sur un volume de 2 milliards m3/an jusqu'à 2020 également», indique-t-il encore. Les quatre contrats «ont permis d'exporter, jusqu'à maintenant, 390 milliards m3 de GNL, soit l'équivalent de sept années d'exportation de gaz» en prenant 2017 comme année de référence, fait-il valoir, affirmant qu'«il n'y a pas une seule goutte qui n'a pas fait objet d'indexation au prix du Brent. Tout le gaz a d'abord reflété la valeur du brut».

Au sujet de ces «contrats gaziers avec la France», l'expert en énergie, Mourad Preure, a été catégorique au micro de la chaîne 3 de la radio algérienne : «on ne donne pas gratuitement le gaz. Ce n'est pas possible !», prenant à témoin, lui aussi, les services de douanes qui exercent le contrôle sur tous les produits exportés. «Pour que le gaz quitte les frontières, il doit passer avant par les douanes algériennes. Si vous exportez un conteneur de dattes, il faut que les douanes mettent leur cachet, sinon il ne sort pas. De la même manière, un méthanier qui transporte le gaz ne sortira pas sans l'autorisation des douanes».

Quant à la rupture des relations avec les partenaires étrangers, le vice-président des activités de commercialisation de Sonatrach a été explicite. Les relations de la compagnie nationale des hydrocarbures «se poursuivent de manière normale», a-t-il déclaré. Certains sites d'informations en ligne ont repris Reuters qui annonçait, mercredi dernier, «que le géant pétrolier américain Exxonmobil a suspendu, au moins temporairement, les discussions avec Sonatrach en vue de développer le secteur du gaz naturel en Algérie». La cause étant «les manifestations populaires contre le président Bouteflika qui se déroulent depuis un mois à travers le pays», ajoute la même source. Selon toujours Reuters, des responsables des deux compagnies se sont rencontrés la semaine dernière à Houston (Texas) pour une réunion, qui a été suspendue par la suite, où il était question de discuter en détail du partenariat. «Dans la minute même où Bouteflika quitte le pouvoir, Ould Kaddour sera viré», affirme une source proche du dossier, citée par l'agence de presse. Dans sa réponse, El-Hachemi Mazighi s'interroge sur l'intérêt d'une compagnie comme Exxonmobil de suspendre les négociations avec Sonatrach. «Donner une longueur d'avance à ses concurrents ?! Ça n'a aucun sens !», ajoutant comme autre argument que l'Algérie recèle les troisièmes ressources de la planète en matière de gaz de schiste. «Nos relations se poursuivent de manière normale. D'ailleurs, en matière d'engagements et de documents contractuels, j'ai été destinataire d'un avenant de la part d'Exxonmobil, lundi dernier, concernant la commercialisation des hydrocarbures. C'est la preuve concrète que ces gens-là continuent à signer des engagements avec nous», affirme le même responsable.