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Deuxième jour de grève générale: Un taux de suivi appréciable, selon des syndicalistes

par M. Aziza

  La grève générale qui a débuté dimanche dernier, suite à des appels «anonymes» sur les réseaux sociaux pour contester la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, a été mieux suivie, pour son deuxième jour, notamment dans les wilayas de l'est du pays. Ce mouvement de grève de cinq jours (du 10 au 14 mars) a été défendu par les uns et désapprouvé par d'autres par crainte que ce genre d'actions entraîne une « démobilisation du Hirak populaire » contre le système en place.

Mais a priori, ce n'est pas le cas, les marches pour le changement se poursuivent un peu partout en Algérie : rassemblements et marches des étudiants, des lycéens et des avocats. Si le taux de suivi du premier jour de la grève générale a été estimé par la commission de suivi de la grève, installée par la Confédération syndicale des forces productives (COSYFOP), à hauteur de 83%, ce taux a été revu légèrement à la hausse pour le deuxième jour de débrayage. C'est ce qu'a été confirmé, hier, par Souleyman Ben Elzine, chargé de suivi de la grève au niveau des entreprises pétrolières et les entreprises du sud du pays. Notre interlocuteur a affirmé que l'appel à ce débrayage a été mieux suivi comparativement à avant-hier, des entreprises de production de Sonatrach à Alger et à Boumerdès ont rejoint le mouvement. Et de souligner qu'un nombre important d'entreprises nationales au niveau de Hassi Messaoud et de Hassi Rmel sont aujourd'hui en grève. Idem pour les filiales de Sonelgaz dont le taux de suivi a augmenté hier, comparativement à avant-hier. Pour le secteur de la fonction publique, le syndicaliste Hamza Kharroubi a affirmé que le suivi de la grève pour ce deuxième jour est de 73% dans les secteurs de la santé, l'éducation, l'enseignement supérieur, les communes et direction des affaires sociales. En soulignant que certaines wilayas du pays telles Tizi Ouzou et Béjaïa ont été complètement paralysées avec un taux de suivi de 100%. Et un taux de 95% a été enregistré dans les wilayas de Bordj Bou Arréridj, Boumerdès, Guelma, Jijel suivies par Sétif, Batna et Annaba. Le taux de suivi du secteur de la fonction publique est de 45% dans le sud du pays (Tindouf 50% et Adrar 40%). Dans le centre du pays, à Alger, il ne dépasse pas les 45%. Pour ce qui est du secteur privé, la syndicaliste Zahia Saber a affirmé que le taux moyen au niveau national est de 82%, avec un suivi de 100% à Béjaïa, Bouira et Oum El Bouaghi. La wilaya de Tizi Ouzou a enregistré un taux de 99%, suivie par Sétif à hauteur de 90%, ainsi que Jijel, Annaba et Guelma à hauteur de 81%. Le secteur privé à Alger a été paralysé à hauteur de 82,99%, le taux de suivi à Oran est de 42%.

«Certains directeurs menacent les grévistes»

Le porte-parole de l'Union nationale des industries, chargé du suivi de la grève dans le secteur industriel, M. Meziani Moussa, a affirmé que la grève dans le secteur industriel a été suivie à hauteur de 65% au niveau national, avec un taux de 100% dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, suivies par Alger et Adrar. Mais il a tenu à souligner que certains travailleurs étaient indécis jusqu'à hier matin, suite aux pressions et menaces formulées par certains directeurs et responsables d'administration au niveau de certaines entreprises. Pourtant, dit-il, cette grève est légale du moment que le ministère du Travail a été déjà avisé. Et de poursuivre en affirmant qu'après s'être renseigné auprès de l'Union, les travailleurs réticents ont rejoint le mouvement de grève vers la fin de la matinée d'hier.

103 sections se sont démarquées de l'UGTA

Le syndicaliste Hamza Kharroubi a affirmé que pas moins de 103 sections syndicales, affiliées à l'Union générale des travailleurs algériens, se sont démarquées du soutien du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, au cinquième mandat. Certains ont carrément annoncé leur retrait de l'UGTA. Pour M. Kharroubi, le cinquième mandat est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase car, précise-t-il, il y avait déjà un malaise dans tous les secteurs productifs dans le pays, avec des revendications qui ne datent pas d'aujourd'hui, mais un cumul de plusieurs années avec aucune lueur d'espoir.

Et de souligner que cette grève générale a été décidée par les travailleurs qui sont des citoyens algériens pour dire non au cinquième mandat et pour des changements profonds dans tous les secteurs.