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Des partis réagissent aux marches populaires contre le 5ème mandat

par R. N.

  Les réactions sont encore timides après les impressionnantes marches du vendredi 22 février, contre le 5ème mandat de Bouteflika, qui se sont déroulées dans plusieurs villes du pays. Pour le moment, seul le parti de Ali Benflis a réagi d'un long communiqué dans lequel Talaie El Hourriyet «salue les marches de protestation contre le régime politique en place, plus particulièrement contre le 5ème mandat» et «se félicite de leur caractère pacifique».

«Talaie El Hourriyet soutient, sans réserve, le droit constitutionnel des citoyens à manifester publiquement et pacifiquement leur opposition à une décision irresponsable qu'ils ont ressentie comme une humiliation et une provocation et contre un régime qui se prépare à détourner, une fois de plus, la volonté populaire, pour sa survie», affirme le communiqué rendu public hier après-midi.

«Le 22 février, le peuple algérien a exprimé le rejet absolu du 5ème mandat, de la gestion du pays par les forces extraconstitutionnelles et de la corruption généralisée qui a infesté tous les rouages de l'Etat», affirme le communiqué.

Le parti de Ali Benflis «constate que les impressionnantes marées humaines qui ont investi les rues, n'ont eu besoin ni de mots d'ordre officiels de l'opposition, ni d'injonctions d'officines étrangères pour exprimer haut et fort leur rejet de la politique du fait accompli» et ont défié «la stratégie de la peur que brandit le pouvoir comme le retour aux années difficiles de la décennie 90 ou encore les dérapages dudit «printemps arabe», ni par les menaces de répression».

Tout en relevant «l'attitude mesurée des forces de l'ordre qui ont encadré les manifestants», Talaie El Hourriyet exprime «ses inquiétudes face aux menaces de recours à la force pour réprimer les manifestations, proférées par des responsables politiques et met en garde les autorités publiques contre toute provocation et les dérapages que la répression des manifestations peut entraîner».

Allusion aux propos du président de l'APN et membre de l'instance dirigeante du FLN, le communiqué de Talaie El Hourriyet affirme rejeter «toutes les allégations portées par des responsables politiques contre l'opposition, accusée de vouloir déstabiliser le pays et rappelle que c'est l'attitude arrogante et provocatrice du pouvoir politique en place qui est susceptible de déstabiliser le pays».

Pour Talaie El Hourriyet ceux qui ont marché vendredi appellent «au renoncement au 5ème mandat, une exigence et une nécessité nationale pour préserver la stabilité du pays, la cohésion de la Nation et la continuité de l'Etat national» et «au départ immédiat du gouvernement» et «son remplacement par un gouvernement dirigé et composé de personnalités indépendantes au-dessus de tout soupçon» afin de «réunir les conditions et préparer des élections pour permettre l'expression libre et souveraine du peuple algérien pour le choix de ses dirigeants».

Le FLN accuse et... menace

Quant au FLN, la réaction de Moued Bouchareb, membre de l'instance dirigeante du parti et président de l'APN, était d'accuser les manifestants ayant pris part aux marches pacifiques contre le 5ème mandat du président Bouteflika, à travers plusieurs villes du pays de vouloir «allumer la fitna». «Des gens veulent allumer la fitna. Toutefois, cette mèche qu'ils veulent allumer est arrosée avec du sang des chouhada. Et le sang des chouhada ne prend pas feu», a-t-il déclaré lors d'un meeting animé à Oran. Dans un ton provocateur, Moued Bouchareb joue sur la peur et établit un lien entre les manifestations et la situation de chaos que vivent certains pays arabes. «Vous savez bien que dans de nombreux pays, les gens sont sortis dans la rue par dizaines de milliers pour exprimer des revendications sociales et politiques et, lorsque d'autres parties se sont infiltrées, leur rêve s'est évaporé et leurs aspirations ne se sont pas réalisées».

Pour le RCD de Mohsen Belabbès, les marches de vendredi «ont clairement signifié le rejet de la mascarade électorale du 18 avril 2019». Dans un communiqué publié sur sa page facebook, le RCD réclame «la démission du chef de l'Etat et de son gouvernement» et appelle à «un dialogue, piloté par une commission de sages, pour organiser une période de transition qui doit aboutir, le plus tôt possible, à l'organisation d'élections générales régulières et transparentes pour doter le pays d'institutions crédibles et légitimes.». «Par leur nombre et le contenu de leurs revendications, elles ont aussi et surtout clamé haut et fort leur refus du maintien d'un système politique qui dénie au peuple algérien, depuis le premier jour de l'indépendance, sa souveraineté et son droit à choisir ses institutions et ses mandants», affirme encore le communiqué du RCD.

Le MSP de Abderrezak Makri affirme dans un communiqué laconique, que son bureau exécutif national s'est réuni vendredi pour évaluer le «mouvement populaire contre le 5ème mandat». Le communiqué, publié sur la page facebook de Makri, «rend hommage à la manière pacifique qui a caractérisé la mobilisation des Algériens lors de ces marches qui se sont déroulées dans plusieurs wilayas du pays» et appelle «ceux qui veulent imposer le 5ème mandat» à «faire preuve de sagesse», et à «comprendre la lettre du peuple».