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A quel suspense a mis fin Bouteflika?

par Kharroubi Habib

Du suspense autour de la décision qui allait être celle de Bouteflika pour l'élection présidentielle, il n'en a existé que dans l'esprit d'observateurs et analystes s'étant fait à l'illusion que la question d'un cinquième mandat pour un président malade et impotent a suscité un débat au sein des sphères du pouvoir que l'intéressé pourrait clore aussi bien par l'annonce de sa candidature que de son retrait. Dans ces milieux qui en outre ont surestimé les prétendues oppositions qui se seraient manifestées dans ces sphères contre le projet du cinquième mandat, l'on a été en attente d'un scénario de substitution qui allait l'enterrer.

Malade, épuisé, impotent, Bouteflika n'a à aucun moment envisagé de jeter l'éponge et de quitter une fonction dont il ne peut manifestement plus assumer les lourdes et contraignantes charges. Les observateurs et analystes en question se sont auto-intoxiqués en supposant que la perspective d'un cinquième mandat pour Bouteflika dans ces conditions lui poserait problème moral et que sa fibre patriotique lui ferait renoncer à l'infliger à la nation déjà humiliée par un quatrième mandat durant lequel il a été quasiment invisible et dans l'incapacité de s'adresser à elle.

Avec l'annonce officielle de la candidature de Bouteflika, il n'a pas été mis fin au présumé suspense qui aurait entouré ses intentions. Il y a eu tout simplement confirmation que Bouteflika est déterminé à rester au pouvoir tant qu'il aura un souffle de vie et la capacité physique de prendre part à la mise en scène destinée à le faire apparaître certes diminué mais gouvernant et ordonnant malgré cela. Qui peut encore au vu de cela affirmer que l'élection présidentielle est susceptible d'avoir une autre issue qu'un cinquième mandat ? Les mêmes qui persistent à se bercer de l'illusion que ce mandat va soulever une vague de réprobation populaire telle qu'elle fera reculer les spécialistes de la fraude électorale acquis à la « continuité » dont ce mandat est le garant pour eux.

Comme l'a si pertinemment dit le journal satirique « El Manchar », Bouteflika a annoncé dimanche qu'il « ne sera pas candidat en 2019 mais sera président ». Hélas, toute l'agitation que feront les opposants déclarés à un mortifère cinquième mandat pour l'Algérie n'en empêchera pas son inéluctabilité tant que le peuple qui va en subir les terribles et prévisibles conséquences restera dans la « royale » indifférence qu'il affiche au déroulé du scénario dont il est la finalité.