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Bouteflika annonce sa condidature: Un cinquième mandat et des non-dits

par Yazid Alilat

Le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé, hier dimanche, qu'il est candidat à la prochaine élection présidentielle, prévue le 18 avril prochain. Le chef de l'Etat, qui a annoncé sa candidature à sa propre succession, pour la 5ème fois depuis son élection en 1999, lève définitivement le voile sur ses intentions politiques et, surtout, met fin au suspense et aux interrogations quant à sa volonté de se représenter. Cette annonce intervient moins de 24 heures après l'organisation d'un meeting populaire par le FLN qui a annoncé que le président Bouteflika est son candidat à ce scrutin. Un meeting qui a drainé plus de 15.000 militants et démontré dans la foulée que le vieux parti va être le moteur de la campagne électorale du candidat Bouteflika.

Dans une courte dépêche, l'agence APS a indiqué que «le Président Abdelaziz Bouteflika annonce sa candidature à la présidentielle d'avril 2019 dans un message adressé à la nation». Dans ce message aux Algériens, précise l'agence, le président prévoit d'initier «dès cette année», s'il est élu, une conférence nationale inclusive devant ouvrir la voie à l'élaboration d'une «plateforme politique, économique et sociale», voire «proposer un enrichissement de la Constitution». L'idée d'une conférence nationale inclusive, lancée par Amar Ghoul de TAJ au mois de décembre dernier, au plus fort des interrogations quant à la tenue de ce scrutin, certains n'ayant pas hésité à dire qu'il sera reporté à l'instar du N1 du MSP, réapparaît. Et, surtout, que les déclarations du président de TAJ, un des quatre partis de l'alliance présidentielle, n'étaient pas des paroles sans lendemain. Il avait même relégué au second plan l'élection présidentielle, affirmant qu'elle est «secondaire», avant d'appeler à la tenue d'une conférence nationale inclusive.

«L'élection est secondaire devant ce que nous proposons et la réussite de notre projet est un gage pour la mise sur pied d'une Algérie nouvelle, dotée d'institutions fortes et modernes, capables de répondre aux attentes des Algériens, relever les défis et faire face aux dangers», avait-t-il expliqué début décembre dernier lors d'une conférence de presse à Alger. Cette «initiative» de TAJ porte sur sept axes sécuritaire, économique, social, politique, culturel, la place de l'Algérie sur le plan international, communication et nouvelles technologies. «Nous voulons une conférence nationale inclusive qui sera organisée sous l'égide et le haut patronage du Président où seront traités tous les sujets sans tabou», a-t-il précisé, estimant que «toutes les institutions de l'Etat ont besoin, aujourd'hui, de refonte profonde pour se mettre au diapason de l'évolution du pays et du monde».

«La situation du pays, celle de l'entourage et également internationale nous oblige à réinventer ce sursaut à partir d'un engagement qui rééditera celui du 1er Novembre 1954 où tous les Algériens ont mis de côté leurs ambitions personnelles et partisanes pour se consacrer, comme un seul homme, au combat libérateur». En fait, ces «fuites» distillées par le président de TAJ se retrouveront dans la «lettre-programme» du candidat Bouteflika à cette élection présidentielle. Celle-ci portera, s'il est élu, sur la mise en place de vastes réformes notamment dans le secteur de la justice, la révision des missions du Parlement, du rôle du Premier ministre, du système des transferts sociaux, la relance de l'appareil économique et la consolidation du caractère civil de l'Etat, ou la préservation des éléments de l'identité nationale. Un vaste plan programme national de «seconde génération», avec le développement des nouvelles technologies de l'information, et de nouvelles priorités pour la politique extérieure.

En outre, dans le cas où il est élu, le président Bouteflika devrait nommer un gouvernement de coalition, ou de «compétences nationales», qui sera en fait ouvert aux partis autres que ceux de l'alliance présidentielle pour bien préparer la tenue de cette conférence nationale inclusive. Celle-ci devrait se dérouler, selon certaines sources, sous forme d'assises en présence d'experts. L'application sur le terrain de ses recommandations et propositions seront menées durant une période de deux années. A cette conférence nationale inclusive, seront conviés les représentants de toutes les tendances politiques, de la société civile, des institutions de l'Etat et de la diaspora. L'objectif sera de définir le futur de l'Algérie dans les domaines de la sécurité, de l'économie, de la justice, de la gouvernance et de la culture.

Enfin, il y a surtout le dernier point de la lettre-programme du président, celui de la proposition d'une éventuelle révision de la Constitution. Là encore, des gorges profondes avaient parlé d'une possible prolongation de six mois du mandat actuel du président, le temps de lui trouver «un successeur», vu son état de santé.