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Le wali en visite à la commune d'El-Kerma: L'APC sommée de rattraper son retard dans le développement local

par Houari Saaïdia

Dans le 2e étage du bâtiment administratif fraîchement mis en service, à quelques pas de la mairie, entouré d'élus, d'employés et d'échantillons de la société civile, le wali a multiplié les messages. A forte résonance politique, conjoncture électorale le requiert, et à usage interne, situation assez atypique de l'Assemblée locale d'El-Kerma l'exige.

«Les antagonismes internes au sein de l'Assemblée, il faut les prendre du bon bout. Ce ne sont pas forcément des symptômes de crise mais plutôt des signes de vitalité, d'activité. Jusqu'à une certaine limite s'entend. Si ça dépasse les bornes, nous sommes investis de tous les pouvoirs pour remettre les choses dans le bon ordre », a averti le wali, vêtu d'un burnous en laine de chameau qu'on lui a offert avec une selle traditionnelle. Une claire allusion aux luttes intestines qui minent le conseil municipal de cette localité qui, certes, si elle a su éviter jusqu'ici le blocage, n'a jamais pu pour autant sortir de l'ornière et se remettre sur pied. En relativisant, voire en positivant les désaccords au sein de l'exécutif communal d'El-Kerma, le dépositaire de l'autorité de l'Etat et représentant du gouvernement à l'échelle de la wilaya, fait dans la politique sage. Et dans la bonne gouvernance territoriale du coup. Cela ne servirait à rien, tout au contraire, d'adopter une approche coercitive face à une situation conflictuelle et le gouverneur local aura tout à gagner à privilégier l'approche coopérative.

LA FRONTIERE ENTRE ANTAGONISMES INTERNES ET LIGNES ROUGES

A la condition, et le wali l'a d'ailleurs précisé en des termes explicites dans ses déclarations en présence du maire de la ville et de quelques membres de l'Assemblée, qu'on joue le jeu de l'autre côté et qu'on ne force pas celui qui jouit de pouvoirs présidentiels dans sa wilaya de mettre en action les leviers légaux indispensables pour mettre fin à une situation de blocage, conséquente à des «dissensions graves entre les membres, empêchant le fonctionnement normal des organes de la commune en dépit de la mise en demeure de l'Assemblée par le wali» ou à une «démission collective des membres de l'APC» ou encore à la suite de «dysfonctionnements graves dûment constatés ou de nature à porter atteinte aux intérêts et à la quiétude des citoyens». On n'en est pas là à El-Kerma, loin s'en faut, et l'intérêt public de la collectivité semble avoir la main haute sur les intérêts individualistes, les divergences et autres dissidences qu'elles soient teintées de couleur partisane ou pas, comme en attestent les assemblées délibératives et le fonctionnement normal des services publics communaux, tous registres d'activités confondus. C'est donc dans cet esprit « positiviste » porté vers l'encouragement à aller de l'avant, le rattrapage du temps perdu et l'exigence du mieux que le wali a effectué en fin de semaine sa contre-visite à cette municipalité, porte principale de la métropole de par son emplacement proéminent sur l'axe aéroport-zone des show-rooms, qui a fait beaucoup parler d'elle. Mais positiver ne veut pas dire fermer l'œil. Aussi, le wali a-t-il réprimandé, blâmé, averti, mis en garde, taper sur les doigts, quand il le fallait bien. Pour telle ou telle carence, telle ou telle négligence, telle ou telle défaillance.

POSITIVER N'EST PAS TRANSIGER

A commencer par le premier point, le parc communal fraîchement peint à la chaux pour la circonstance, qui ne réunit pas encore toutes les conditions de travail pour les travailleurs communaux. Il n'a pas non plus mâché ses mots devant le retard accusé dans la mise en place d'un centre de tri, comme il l'avait instruit il y a près d'une année. Et ce n'était pas l'annonce par le maire d'une (déjà entendue) convention APC-EPIC de gestion du marché de gros qui pouvait avoir l'effet d'une pilule. Pas plus que ces récurrents témoignages de dévouement et de bonne gouvernance faits au gré des points de la tournée par « certains » citoyens en faveur du maire en poste. Vieux routier de la locale malgré son jeune âge, Mouloud Cherifi prenait toujours du bon côté ces aveux citoyens qu'il accueillait avec un sourire. Après son inauguration du centre administratif R+2 dédié à l'état-civil et les différents services de la réglementation générale, ponctuée par une allocution centrée sur le bilan des réalisations de l'Algérie sous le règne du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avec, entre autres, chiffres-clés mis en avant, 4 millions de logements distribués de 1999 à 2019, soit 20 millions d'habitants, le double de la population d'un pays voisin, le wali s'est enquis de l'avancement des travaux de la voirie urbaine.

UN SEUL ET UNIQUE INTERVENANT POUR UN LOT DE VOIRIE URBAINE

Sur place, il a instruit le maire et les entreprises de réalisation de mener à bout au plus vite ce chantier qui n'a que trop duré avec son gros lot de désagréments sur le centre-ville. « Il ne faut plus désormais refaire la même erreur de scinder le projet en plusieurs lots et d'en confier chacun à une entreprise. Le projet tout en bloc, du corps de chaussée jusqu'au revêtement en béton bitumeux ou béton imprimé, doit être confié à une seule et même entreprise. Ce que vous avez fait n'est pas interdit par la loi, mais il présente cet inconvénient majeur qu'il embrouille et dilue les responsabilités. On ne sait qui a mal fait quoi ». Remarquant que l'espace à l'avant-plan côtoyant la zone des show-rooms connaît par endroits des empiétements sur la voie publique et des dépassements du seuil autorisé en matière d'exposition à ciel ouvert des véhicules et des engins, le wali a ordonné au chef de daïra et au maire de sortir en commission pour rétablir l'ordre. « Tout opérateur contrevenant doit immédiatement plier bagage et se replier. C'est aussi simple que ça », a-t-il instruit.

UNE FORET RECREATIVE A HAUTEUR DE LA RN4-EL-KERMA POUR 12 MILLIARDS

Un peu plus loin, dans le segment en forêt de la RN4 séparant les deux parties A et B de la ligne 1 des show-rooms (côté droit dans le sens El Kerma-Oran), après s'être enquis des travaux de réalisation d'une unité de la protection civile, qui sera livrée dans trois mois, le chef de l'exécutif local a eu un point de présentation du projet d'une forêt récréative à ce niveau. Piloté par EPIC Oran vert avec l'assistance technique de la conservation des forêts et la DTP, ce projet se veut dans la continuité de la mise en valeur de ce périmètre « vitrine de la ville » par la création d'espaces de loisirs et de détente pour familles. Sur place, après une brève présentation de la fiche technique, le wali a réussi à faire un montage financier APW-APC d'El-Kerma à concurrence de 4 et 6 milliards respectivement. Prévoyant une piste cyclable, un réseau de chemins de randonnée, des plantations variées, un grand jet d'eau au centre avec des échoppes tout autour ainsi que deux parking de 120 véhicules, de part et d'autre, ce projet sera géré par Oran vert qui sous-traitera via des consultations et des contrats de marché certains lots. Le wali a fait savoir par ailleurs que tous les espaces qui seront mis en place, dont la grande roue et le mini parc d'attractions annexé, seront interconnectés par un système de passerelles dont l'étude a été confiée à la DTP.