Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La Ligue arabe découvre l'ingérence étrangère en Syrie

par Kharroubi H.

A l'issue de ses entretiens dimanche au Caire avec le nouvel émissaire des Nations unies en Syrie Geir Pedersen, Aboul Gheit, le secrétaire général de la Ligue arabe, a appelé à mettre fin aux ingérences internationales et régionales qui ne font selon lui que prolonger la durée du conflit syrien. L'on ne peut évidemment que souscrire à cette interpellation formulée par lui au nom de l'organisation arabe qu'il dirige mais sans oublier, il va de soi, que c'est la position adoptée par celle-ci sur la crise syrienne qui a offert couverture aux ingérences dont elle semble découvrir les conséquences négatives sur la prolongation et la résolution de cette crise.

Il faut rappeler en effet que cette Ligue arabe au lieu de s'en tenir comme c'est censé être sa vocation à une médiation entre les acteurs de la crise qui a éclaté en 2011 en Syrie, Etat qui en est membre, elle a sous l'injonction de l'Arabie Saoudite et des émirats pétroliers de la région pris fait et cause d'emblée pour l'opposition qui affichait l'intention de renverser le pouvoir légal syrien. Ses prises de position et les résolutions qu'elle a adoptées à l'instigation de ces mêmes parties ont servi de justification aux pays occidentaux s'étant fixé pour des considérations géopolitiques l'objectif du renversement de Bachar El Assad. Les ingérences que l'on a vues à l'œuvre dans le conflit syrien ont eu sa caution. Toujours sous l'influence de ses membres cités plus haut, la Ligue arabe les a ouvertement prônées et quémandées.

Totalement inféodée aux pétromonarchies arabes, la Ligue a cautionné la transformation de la crise syrienne en un conflit armé tel que l'ont décidé ses tuteurs qui ont armé et financé abondamment les oppositions syriennes, y compris celles affiliées à El Qaïda et à l'Etat islamique. Elle ne fait marche arrière et ne réclame qu'il soit mis un terme aux ingérences régionales et internationales en Syrie qu'au constat que le plan de ses tuteurs pour ce pays n'a plus aucune chance de se réaliser et que l'évolution du conflit dont il est le théâtre a tourné en leur défaveur.

Ce n'est pas par lucidité politique assumée qu'Aboul Gheit a lancé son appel. Il n'a fait que servir de porte-voix à la préoccupation de Ryad de se dépêtrer d'un conflit dont le royaume saoudien a été l'un des déterminants allumeurs et pourvoyeurs. Raison pour ne pas y en faire une initiative qui va absoudre la Ligue arabe et les Etats qui exercent en son sein leur prépondérance néfaste du crime monstrueux dont ils ont été à la fois instigateurs et complices contre la nation syrienne. Ce crime n'est pas le seul qui leur est imputable. Ils ont agi de la même sorte en Irak, en Libye et font de même au Yémen.