
Les élus des 53 assemblées populaires communales (APC)
et de l'assemblée populaire de la wilaya de Tlemcen (APW) sont appelés à élire
jeudi prochain leur sénateur à la suite de l'annulation, lundi dernier par le
Conseil constitutionnel, des élections sénatoriales organisées le 29 décembre
2018 à Tlemcen et ce, conformément à l'alinéa 03 de l'article 131 de la loi
organique relative au régime électoral. Le verdict d'annulation du scrutin de
Tlemcen est motivé, selon cet organe juridictionnel suprême, par le fait que
seul un procès-verbal de proclamation des résultats d'un bureau de vote (131
voix pour le RND, et 28 voix pour le FLN) est parvenu au Conseil
constitutionnel sur les trois autres où se sont déroulées ces élections. Le
communiqué émanant de cette instance a précisé que « les résultats du scrutin
dans cette wilaya n'ont pas été consolidés dans le procès-verbal de
centralisation des résultats. En conséquence, le Conseil constitutionnel décide
l'annulation du scrutin dans la wilaya de Tlemcen et la réorganisation de
celui-ci dans le délai légal prévu à l'alinéa 3 de l'article 131 de la loi
organique relative au régime électoral ». Il est à rappeler que ce scrutin a
été émaillé de graves incidents au moment de la clôture du vote. Selon des
sources présentes sur les lieux, des accrochages ont éclaté entre les partisans
des deux candidats du FLN et du RND, créant la confusion pendant plusieurs
minutes à l'intérieur même des bureaux de vote : un juge blessé, le directeur
de la réglementation et des affaires générales (DRAG) malmené, des dégâts
matériels et plusieurs autres personnes blessées. Mais, ce qui a mis le feu aux
poudres, c'est l'usage présumé par un député d'un Taser.
Il a même failli être lynché par une foule en délire. Victime de plusieurs
coups, le député a été évacué en urgence aux urgences médico-chirurgicales du
CHU de Tlemcen. Outre cette terrible et regrettable bagarre, qui fera selon
toute vraisemblance tristement date dans l'histoire de l'élection du sénateur
de la wilaya de Tlemcen, et qui a grandement perturbé le déroulement du
dépouillement des bulletins de vote et la rédaction des procès-verbaux à la
clôture du vote dans les deux bureaux, des scènes d'injures et des accusations
mutuelles de fraudes, ont eu lieu entre les deux camps dans le hall et couloirs
du siège de l'APW.
Selon nos sources, une enquête a été ouverte par le
parquet de Tlemcen sur la fraude électorale et ce nouveau mode d'emploi de la chkara qui commence à s'ancrer lors des rendez-vous
électoraux, ainsi que sur l'usage ou non du Taser et
l'agression de certains partisans et du magistrat. Réunis avant-hier, les
membres de la mouhafadha du FLN de Tlemcen ont
exprimé leur crainte quant au recours au phénomène honteux de la «chkara» et aux pratiques immorales. Ils ont renouvelé leurs
confiances aux hautes instances de l'Etat et prôné l'application des lois de la
République. De leur côté, les responsables du RND ont exigé lors de leur
conseil de wilaya, qui s'est tenu ce samedi, que « les élections sénatoriales
de ce jeudi soient organisées dans un endroit autre que le siège de l'APW ».
Ils ont en outre, demandé à ce que « le scrutin soit tenu sous l'œil du Conseil
constitutionnel et des magistrats exerçant hors de la wilaya de Tlemcen ». Par
ailleurs, l'on apprend qu'un groupe de personnes de plusieurs tribus de la
wilaya sont sur le point de réunir les responsables des deux frères ennemis,
afin de les réconcilier, effacer toutes leurs animosités et unifier leurs rangs
et forces pour les prochaines élections présidentielles.