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Ligue 2 - Bilan de la phase aller: Les ambitions des uns et les craintes des autres

par Adjal Lahouari

Tout comme la Ligue 1, la Ligue 2 Mobilis vient de boucler la phase aller, et il est temps d'établir un premier bilan qui comporte pour les uns, des satisfactions alors que d'autres équipes ont déçu et ont des soucis à se faire. Mais, comme dans le championnat de l'élite, la violence, l'arbitrage et la crise financière ont été des sujets d'actualité pesant sur la scène sportive nationale. Rétrospective.

Le groupe de postulants

Ils sont cinq et occupent évidemment le haut du tableau. Mais rien ne dit qu'on les retrouvera dans le même ordre à la fin de ce challenge passionnant et indécis, à l'image du choc WAT-ASO qui s'est déroulé au stade Akid Lotfi de Tlemcen.

Avant ce match, d'aucuns pensaient que le WAT allait se parer du titre honorifique de champion d'hiver. La réalité a été tout autre, dans la mesure où l'équipe widadie n'a pas montré son vrai visage, à l'inverse de celle de l'ASO, qui a surpris tous les observateurs par sa solidité et son absence de complexes. Car, attaquer d'emblée chez le plus dangereux rival atteste la volonté des Chélifiens de viser carrément le titre. Il faut dire que le groupe drivé par Zaoui, sur ce qu'il a montré à Tlemcen, possède les moyens de réaliser le rêve de ses supporters. En effet, l'ASO possède, et il s'agit d'une tradition bien établie dans ce club, une défense solide qui, sérieusement sollicitée à Tlemcen, a tout de même assuré l'essentiel, même si les chiffres montrent que les secteurs défensifs du MCEE et de l'ABS ont encaissé moins de buts.

Du côté de l'attaque, et bien qu'elle figure avec celle du WAT en tête avec 22 buts, la moyenne est quelque peu dérisoire. Cela est peut-être dû aux difficultés face à des adversaires moins nantis, mais difficiles à manier. L'entraîneur de l'ASO est certes satisfait de cette première distinction, mais il est conscient des manques de son groupe. Son principal souci, et ses déclarations en font foi, c'est que ses joueurs soient régularisés comme il se doit. Sinon, bonjour les dégâts ! Lors des premiers matches, le WAT avait agréablement surpris ses fans, en jouant les premiers rôles, où la défense a eu un rôle essentiel, faisant preuve d'une remarquable solidité.

Et puis, au fil des matches, ce secteur est devenu plus perméable malgré les consignes de son responsable technique, Fouad Bouali, lui-même ancien libéro. Les chiffres montrent que la défense du WAT est classée à la onzième position, doublée même par celles des équipes mal classées comme l'USMH et la JSMS. Ce constat, nous en sommes certains, n'a pas échappé à un technicien de la trempe de Fouad Bouali. D'ailleurs, à la fin du match face à l'ASO, il avait annoncé la couleur : « Il faut accepter cet échec et travailler pour améliorer notre classement car le chemin est encore long. » Gageons qu'avec sa clairvoyance et sa méthodologie, le WAT est appelé à accéder en Ligue 1, quelle que soit la place du podium.

Le NC Magra, la bonne surprise

Généralement, lorsqu'un promu accède à un palier supérieur, son premier objectif est de conserver sa place, la chute étant considérée comme un cruel échec. Or, le NCM, pour sa première saison en Ligue 2, se trouve sur le podium, devant des cylindrées dont on attendait beaucoup mieux, et qu'il est inutile de citer. Et pourtant, les gars du Hodna ont mal entamé le championnat et ont même changé d'entraîneur, Aziz Abbès succédant à Amine Ghimouz. Après une bonne série de victoires, le Nejm est bien placé pour poser sa candidature. La défense est solide, mais l'attaque piétine quelque peu : c'est le bémol du moment. En tout cas, le NCM, c'est la bonne surprise de cette édition.

Par ailleurs, s'il y a un conseil à transmettre à l'ASO, au WAT et aux autres postulants à l'accession, c'est de surveiller de très près le MCEE, qui n'est autre que le dauphin au terme de cette première phase. Le Mouloudia possède une équipe difficile à surprendre (8 buts en 15 matchs), un public fidèle et, dit-on, des moyens financiers appréciables.

Ensuite, la barre technique est bien tenue par le Tunisien Essid Wajdi. Enfin, il y a un certain Bezzaz (ex-international) qui, à son âge, prouve qu'il a encore de beaux restes en dirigeant la manœuvre sur le terrain, en donnant un bel exemple de longévité. Quant à l'USB, elle doit être considérée comme un autre postulant et ressemble, à quelques variantes près, à celle du MCEE en ce sens qu'elle possède des capacités intéressantes. En effet, on ne bat pas le WAT et le MCEE sans posséder de solides arguments. Or, ces victoires sur deux favoris sont récentes. L'équipe biskrie n'a concédé que deux défaites et paraît en mesure de postuler à l'accession.

Beaucoup de déceptions

Dans ce volet, et malheureusement, le choix est conséquent.

En effet, tous les observateurs estimaient que des clubs comme l'ASMO, l'ESM, le MCS, le RCR, l'USMH et l'USMB, tous anciens pensionnaires de l'élite où l'expérience ne fait pas défaut, allaient constituer le « noyau dur » de la Ligue 2 face aux autres formations.

La déception est à la mesure de l'attente, en ce sens que ces prétendus favoris sont loin du compte, et même pour certains d'entre eux, très loin du compte.

Il suffit de consulter le classement actuel pour constater les dégâts. Effectivement, l'USMB, le RCK et l'USMH sont relégables au terme de cette première phase, alors que l'ASMO est en grand danger. Il est donc logique que leurs supporters montent au créneau et exigent, sinon le départ des directions, du moins une réaction salutaire avant qu'il ne soit trop tard. Ils estiment, et ils ont raison, que la situation actuelle est indigne de leur histoire.

De leur côté, si le MCS le RCR et l'ESM sont mieux lotis, il n'en demeure pas moins qu'ils sont à ranger dans la colonne des déceptions eu égard à leur passé et à leurs ambitions déclarées avant le coup d'envoi du championnat.

Tout porte à croire qu'il leur faudra se rendre à l'évidence, à savoir que ces équipes ne sont pas en mesure de rattraper leur retard, malgré les déclarations surprenantes jaillissant de part et d'autre.

Nous en retiendrons particulièrement celle émanant de Bejaia, selon laquelle la JSMB pourrait revenir dans la course.

Or cette équipe est onzième à neuf points du NCM (3e du podium), et à douze points du leader.

Et même si le team de Bouakaz venait à réaliser une seconde phase exemplaire, les clubs qui précèdent la JSMB ne vont certainement pas rester les bras croisés.

Le mercato de tous les espoirs

Alors, fatalement, pratiquement tous les clubs tablent sur le mercato pour se renforcer et améliorer leurs situations. Si l'intention est louable et légitime en soi, il faut se demander comment trouver les joueurs qui apporteront le plus escompté.

Le mercato d'hiver, disons-le crument, est plus aléatoire que celui de l'été pendant la période de la grande transhumance où l'offre est beaucoup plus large.

Or, à entendre les réflexions amères des dirigeants, et tout comme leurs collèges de la Ligue 1, pratiquement tous se seraient trompés sur le niveau présumé des recrues. Il n'y a pas un club où l'on n'a pas entendu des regrets à propos des nouveaux venus. Si certains dirigeants, une minorité doit-on le souligner, connaissent les arcanes du football, on se demande comment ils se sont trompés. Ou alors, ils ont été leurrés par les agents des joueurs, très habiles pour leur dresser le meilleur portrait de leurs joueurs.

Pour les autres responsables des clubs, il ne faudrait pas s'étonner de l'échec de leur recrutement. Et pourtant, tous attendent ce mercato, qu'ils pensent être la solution miracle à leurs déboires. Le marché, sauf surprise de taille, est saturé, sans oublier que certains clubs sont interdits de recrutement. Rien ne dit que les arrivées vont être bénéfiques, étant donné la faiblesse générale des pratiquants de ce palier.

S'ils étaient bons, ils évolueraient en Ligue 1. Ceci dit, nous avons fait une remarque pour le moins insolite. Quelques dirigeants, en dépit du classement inquiétant de leurs clubs, n'hésitent pas à transférer vers la Ligue 1 leurs meilleurs joueurs. On nous rétorquera que c'est pour renflouer leurs caisses et éponger les dettes. Dans ce cas, ils ne doivent pas se lamenter de voir leur chute au tableau puisqu'ils affaiblissent leurs équipes.

Comme quoi, on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre. Dans les tableaux de classement des médias spécialisés, les classements comportent deux « lignes » grises, celles des trois premiers et celle des trois derniers. On peut comparer ces lignes à un étau que va se resserrer sur les équipes du milieu du tableau, à la seule différence que les trainards du bas du tableau risquent la chute en DNA, une catastrophe pour certains clubs au riche passé.

Il reste à souhaiter que le jeu de coulisses ne fasse pas des siennes dans ce challenge de l'antichambre de l'élite où toute faute se paie cash. Par ailleurs, il faut souhaiter que la commission des arbitres s'attache à veiller à la désignation et suive de très près les prestations des directeurs de jeu et de leurs assistants. Est-ce trop demander ?

Les statistiques

Meilleures attaques

ASO et WAT: 22 buts

Meilleures défenses

MCEE et ABS: 8 buts

Plus grand nombre de victoires

8 pour le WAT, l'ASO et le NCM

Plus grand nombre de nuls  

10 pour le MCS

Plus grand nombre de défaites

9 pour l'USMB

Moyennes du leader ASO

Attaque: 1,46

Défense: 0,73