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Tlemcen: Des commerçants du centre-ville mettent la clé sous le paillasson

par Khaled Boumediene

En cette rentrée, Tlemcen est une ville en travaux. La rue Dr Damerdji Tidjani (ex-rue de Paris), la Bataille Fellaoucène, la rue de la Paix, la rue des Frères Abdeldjebbar, la rue Chahid Commandant Djaber et celle d'Ibn Khamis, qui s'ouvrent aux quatre coins de la cité, connaissent une vaste opération de modernisation de leurs divers réseaux d'assainissement, d'électricité, d'eau potable et gaz naturel, lancée depuis le début de l'été au centre-ville de Tlemcen. Au nord de la ville, les bosquets et des jets d'eau des quartiers résidentiels « Les Oliviers » et « Les Amandiers » connaissent eux aussi des travaux de réhabilitation et de lifting. Le jardin public d'El Hartoun et le grand bassin (Sahridj M'bedda) connaissent pour leur part d'importantes opérations de requalification, en attendant le lancement dans les prochains jours qui viennent des travaux de réfection des chaussées du boulevard des 24 Mètres et de la rue « Allam Mustapha » de la grande cité d'Abou Techfine, à l'entrée nord de la capitale des Zianides, qui vont subir un important lifting de leur bitume.

Selon les autorités locales, toutes ces opérations visent à améliorer le cadre de vie du citoyen et à donner un nouveau look à la ville de Tlemcen, afin de soigner l'image de cette cité qui a connu ces dernières années une urbanisation galopante et un développement accru de centres urbains notamment dans sa périphérie nord, à l'image des nouvelles zones d'habitat urbaines d'Oujlida et Boujlida qui renferment des centaines de nouveaux logements tous types confondus. En outre, la ville s'est dotée d'une gare routière implantée à l'entrée nord (3 km du centre-ville), afin de soulager le centre-ville où l'ancienne gare routière, trop exiguë, est devenue un véritable point noir et un vrai casse-tête pour les habitants à cause des embouteillages et des désagréments générés par le va-et-vient des bus toujours grandissant. Cependant, depuis la mise en service de ce véritable joyau architectural de transport et la délocalisation des arrêts de bus du quartier de R'hiba, l'activité commerciale au centre-ville a baissé et de nombreux magasins et boutiques vont baisser rideaux, soulignent des commerçants, à cause d'une baisse flagrante des visiteurs.

Aujourd'hui, le centre-ville manque énormément d'attractivité et les animations qui, autrefois, permettaient aux commerçants de vendre dans une ambiance propice leurs produits et leurs marchandises, ont pris un coup sérieux. Beaucoup de commerçants d'El Kissaria, Bab El Djiad, R'hiba, Blas El Khadem, la rue de France, la rue Kaldoun et Bab Sidi Boumediene sont aujourd'hui à l'agonie et sont décidés à mettre la clé sous le paillasson. Pour de nombreux gérants de cafeterias, épiceries, prêt-à-porter, quincailleries, salons de coiffure, restaurants et magasins d'habillement, la pilule est dure à avaler. « Depuis la suppression des arrêts de bus des localités de la banlieue de Tlemcen, le commerce connaît au centre-ville sa plus mauvaise situation. Le centre-ville s'est complètement vidé, il n'y a plus d'animation et de foule comme avant. On n'a plus de clients, il n'y a plus de recette. C'est fini, on va devoir fermer », déplore un propriétaire d'un grand magasin de prêt-à-porter à la rue du 1er Novembre de Bab El Djiad, très abattu.

C'est la mort dans l'âme que Jalal, le propriétaire d'un fast-food, s'est résolu à prendre la décision de changer d'endroit ou d'arrêter définitivement son commerce. « Nous avons perdu plus de 40% de notre chiffre d'affaires et les marges ont disparu », nous a-t-il confié. Le véritable défi qui se pose, aujourd'hui, aux autorités locales, nous dit un ancien commerçant de Blas El Khadem, est de réfléchir à de vraies solutions pour redonner vie et attractivité au centre-ville.